J’avais hier un rendez-vous médical très particulier.
Toutes les femmes me comprendront si je dis que se rendre chez son ou sa gynécologue suscite rarement de notre part un enthousiasme débordant.
Je ne fais pas exception à la règle… enfin… pas tout à fait.
J’ai la chance, depuis longtemps maintenant, d’avoir une excellente gynécologue que j’apprécie non seulement pour sa compétence, mais aussi en tant que femme.
Au fil des années, notre relation s’est étoffée.
Je crois que, toutes deux, nous sommes intéressées par le métier et la personnalité de l’autre, ce qui nous a valu à chaque rencontre, de belles conversations.
Je l’admire pour avoir exercé avec passion une profession difficile et exigeante, qui lui a permis de soigner, d’accompagner quantité de femmes… et de participer à la venue au monde d’une foule de bébés.
Toujours avec le même sourire, la même force paisible, la même empathie.
Elle s’intéresse à ses patientes, les écoute vraiment, les rassure.
Et puis, l’an dernier, elle m’a annoncé qu’elle allait prendre sa retraite en 2017.
Autant dire que la nouvelle ne m’a pas enchantée, même si je suis heureuse qu’elle puisse désormais s’occuper enfin d’elle-même, elle qui a tellement donné aux autres.
Nous nous connaissons depuis une trentaine d’années, et je n’ai jamais regretté le jour où, alors que mon gynécologue de l’époque quittait la région, je lui ai adressé une lettre pour lui demander si elle accepterait de m’accepter parmi ses patientes.
Je savais qu’elle avait une clientèle déjà importante.
Mais elle a dit oui.
Hier matin était notre dernier rendez-vous.
Je m’y rendais avec un sentiment de nostalgie teintée de tristesse.
Il m’était très difficile d’imaginer la voir sortir définitivement de ma vie.
Notre rencontre a débuté comme à chaque fois, par une conversation au cours de laquelle nous prenons des nouvelles l’une de l’autre.
L’air innocent, je lui ai demandé si, par hasard, elle n’avait pas changé d’avis quant à son idée de retraite.
La réponse était évidemment riante et négative, ce qui nous a entraînées à parler de cette période de la vie, des projets qui y sont liés…
Et c’est là qu’elle m’a proposé de nous revoir de temps en temps, de ne pas perdre le contact.
Elle m’a donné toutes ses coordonnées et la conversation a continué, légère et joyeuse.
Je suis touchée, heureuse de savoir que nous ne nous perdrons pas de vue…
Ravie de la revoir ailleurs que dans un cabinet médical!
La fin d’un cycle marque le début d’autre chose.
Hier, en sortant de ce cabinet où une autre gynécologue prendra le relais dans quelques mois, j’ai eu le sentiment d’avoir reçu un cadeau, d’être au seuil d’une nouvelle aventure qu’il ne faudra pas laisser passer…
Martine Bernier