Marthe, ma grand-mère maternelle n’était pas très féminine.
Contrairement à Clémence, ma grand-mère paternelle qui avait le même âge, mais qui est toujours restée coquette et sensible aux jolies choses.
Je pense que Marthe a eu une vie beaucoup plus rude qui l’a poussée à mettre ses priorités ailleurs que dans ce qu’elle considérait être le superflu.
Ce qui ne me posait aucun problème: j’aimais ce personnage un peu rugueux au coeur d’or.
Cependant, elle avouait un grand faible pour une fleur aujourd’hui un peu passée de mode: le pois de senteur.
Elle adorait son parfum.
Lorsque quelqu’un pensait à lui en offrir, elle gardait le bouquet auprès d’elle et le humait les yeux fermés, très concentrée sur ses sensations.
La plupart du temps, c’est mon père qui lui en apportait.
Et à chaque fois qu’il lui offrait des fleurs, il m’emmenait chez sa propre maman à laquelle il donnait un second bouquet.
C’était ainsi.
Il se serait senti très mal de ne pas être parfaitement équitable.
Clémence, elle, aimait toutes les fleurs.
Elle avait des exclamations de joie lorsque le bouquet se retrouvait entre ses mains.
Cette joie qui me donnait l’impression de me trouver en face d’une jeune fille lorsque je lui rendais visite.
Aujourd’hui, je pense souvent à elles deux.
Je leur dois certains de mes traits de caractères.
Entre la puissance de travail de l’une et la fantaisie de l’autre, j’ai hérité de quelques-unes de leurs particularités… et de l’amour des fleurs.
Martine Bernier