« On est bien, hein? »

J’ouvre la porte d’entrée après avoir entendu l’appel de la sonnette, et je découvre Aurélien, tout sourire, tenant à la mains un petit bouquet de muguet dans les bras de son papa.
Il me le tend en me précisant que « ça sent très bon! », puis s’accroche à mon cou pour le premier grand câlin de la soirée.
Sa manière à lui de faire comprendre qu’il est content de me revoir…
Tandis qu’il m’embrasse, il me glisse:
– Il y a une surprise?
J’essaie toujours de faire en sorte, lorsque les enfants viennent nous voir, d’avoir à leur proposer une « surprise », grande ou petite.
Je réfléchis une seconde et…
– Ah oui, ce soir il y a une surprise!
– Où ça?
– Au salon! Mais pour bien la voir, il va falloir plonger la pièce dans le  noir…
Tandis qu’il va montrer ses fleurs à son Papyno, mon fils baisse les stores.
Deux minutes plus tard, je montre à Aurélien la lampe de poche à ombres chinoises, qui diffuse des dessins amusants au plafond.
Il comprend très vite comment elle fonctionne et comment changer les motifs: le jeu dure pendant un bon moment.
Mais il s’interrompt par un souhait:
– Mamitine? Je veux… non: je voudrais un bonbon!
– Oui, tu en auras un après avoir mangé…
– Non, je voudrais maintenant!
– Ca, ça ne va pas être possible. Et je vais t’expliquer pourquoi! Viens, nous allons chercher le livre…

Je farfouille dans la bibliothèque pour enfants et j’en sors le livre consacré au corps humain.
Lui aussi fourmille de surprises, avec ses rabats, ses tirettes et ses petites portes.
Je reprends le schéma de la digestion au cours duquel nous pouvons faire descendre de la nourriture dans l’estomac puis dans l’intestin d’une petite fille, jusqu’à sa « sortie ».
Je lui avais expliqué le processus il y a quelques semaines alors qu’il répétait en boucle le très classique passage obligé « caca-pipi-popo ».
Entrer dans les méandres du corps humain l’avait fasciné et il n’avait plus jamais repris sa litanie, du moins chez nous.
Cette fois, je m’attaque aux bienfaits d’une nourriture saine.
Et hop, je fais descendre dans l’estomac des bonbons improvisés, ce qui fait gémir le malheureux organe qui réclame de la nourriture un peu plus saine à cors et à cris…
Après quoi il digère le bonbon dessert sans souci.
Le repas arrive et, peut-être inspiré par les lamentations de l’estomac, Aurélien lui fait honneur.

Un peu plus tard dans la soirée, après la classique scène des biscuits qui parlent, il s’assied à côté de moi sur le canapé, réclamant une vidéo.
Et nous prenons notre posture désormais habituelle: moi assise, lui vautré sur moi, couché sur le ventre.
Comme il le fait souvent, il a glissé sa main dans la mienne et nous regardons des comptines que nous commentons.
Pendant ce temps, son papa et Papyno font des aller-retour à la cuisine.
Entre deux vidéos, il m’adresse un sourire très frais et me dit:
– On est bien, hein Mamitine?
Il me touche, le bougre… bien plus que je ne pourrais le dire…
– Oui, on est bien, petit bonhomme…

Martine Bernier

par

2 réflexions sur “« On est bien, hein? »”

  1. Pierre-Alain Corthay

    Très chère Martine c’est un bonheur de te lire et en particulier cet instant de la main dans la main cat je le vis avec nos petits enfants. Je t’embrasse et te souhaite un très bon week-end.
    Une question encore serais-tu intéressée à lire un de mes articles (ancien)….
    pac

    1. Martine Bernier

      Cher Pierre-Alain,
      Merci pour ton adorable message… et oui, bien sûr, je serais intéressée… et honorée de te lire! Un grand merci pour ta confiance…
      Martine

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