Durant mes années d’école primaire et secondaire, j’ai dû porter un uniforme, comme toutes les autres élèves qui m’entouraient.
Il était entièrement bleu.
Bleu marine pour les jupes, les pulls, la cravate (que je m’arrangeais toujours à « oublier ») et, plus tard, pour les pantalons, et bleu clair pour les chemisiers.
Des teintes de bleu sans gaieté, sobres, carrées, un peu mélancoliques.
Inutile de se creuser la tête le matin pour savoir comment s’habiller: l’uniforme réglait le problème et interdisait les différences vestimentaires entre les filles.
Ce qui n’était finalement pas une mauvaise chose.
J’étais à ce point programmée en bleu que c’était devenu ma couleur préférée.
Du moins le croyais-je.
Je ne savais absolument pas comment m’habiller en dehors des jours de classe, et avais presque peur d’oser toute couleur sortant du cheptel autorisé.
Pendant très, très longtemps, le bleu a régné sur ma vie.
Adulte, le noir l’a remplacé dans ma garde-robe, et ce n’est que très tard que j’ai découvert la variété des couleurs utilisées dans l’industrie vestimentaire… en n’arrivant pourtant que très rarement à me convaincre d’en porter l’une ou l’autre.
En revanche, le bleu a complètement disparu de ma garde-robe au fil des années, et j’ai appris à lui préférer les couleurs plus chaudes dans la décoration.
Hier, j’ai été confrontée à l’image inattendue de doubles rideaux bleu presque turquoise dans une décoration d’appartement.
Cette vision inattendue m’a heurtée, choquée par la froideur et la tristesse qu’ils apportaient à la pièce.
Par acquis de conscience, j’ai demandé à mon Capitaine ce qu’il en pensait.
Sa réaction m’a rassurée: elle ressemblait beaucoup à la mienne.
Comme quoi…
Nos goûts en matière de couleurs évoluent au fil du temps.
J’aime toujours le bleu dans la nature, dans son symbolisme ou par très petites touches dans la vie de tous les jours, associées à d’autres qui le complètent.
Cette couleur qui a régné sur mon enfance et mon adolescence en étant omniprésente est toujours présente dans mon quotidien, mais différemment.
Sans m’étouffer…
Martine Bernier