Jour J -10 avant le grand départ.
Aujourd’hui est le quatrième et dernier jour que Pomme et moi passons sans mon Capitaine qui supervise et participe aux premiers travaux de la maison.
Impossible pour moi de l’y accompagner si longtemps: je travaille toujours, et je profite du temps libre pour continuer la mise en cartons.
Ce week-end, lorsque le temps commençait à me sembler long, j’échafaudais des plans pour le futur classement de mes livres et pour l’aménagement de certaines pièces…
Pomme est comme moi: elle n’apprécie pas l’absence de son ami géant.
Comme à chacune de ces périodes, qui bientôt ne seront plus qu’un lointain souvenir, elle semble perdre une partie de sa joie de vivre et de son énergie.
Jusqu’à ce matin.
6h30, je suis en activité depuis une bonne demi-heure lorsque mon portable sonne.
C’est le premier appel de la journée de mon Capitaine.
Je branche le haut-parleur et m’installe dans son fauteuil pour lui répondre.
La conversation s’engage et là… Pomme, qui a reconnu sa voix, se précipite vers moi, faisant mine de vouloir monter sur le fauteuil.
Elle regarde le téléphone, toute excitée, court chercher sa balle en peluche, la ramène auprès du téléphone…
– Mais… elle t’a reconnu! Elle est toute contente de t’entendre! Parle-lui, pour que je puisse voir sa réaction?
La voix de mon Capitaine résonne dans la pièce.
Pomme, debout devant moi, a les yeux rivés sur l’appareil et remue la queue de cette manière saccadée qui n’appartient qu’à elle.
Elle sourit.
Revigorée, elle court dans tous les sens, attrape au passage les rares jouets qui restent…
Lorsque la conversation se termine et que j’éteins mon portable, je lui explique que notre grand homme va revenir ce soir.
« Va revenir » est une expression qu’elle comprend très bien.
Sa réaction?
Elle a foncé sur le balcon désormais nettoyé et vide de ses plantes, déjà parties en France.
Debout sur ses pattes arrières et appuyées à la rambarde, elle guette la route.
Pomme, ma Soeur Pomme, ne vois-tu rien venir?
Martine Bernier