Nous l’avons tous constaté une fois ou l’autre: certaines maisons ont une âme.
C’est inexplicable: elles dégagent une atmosphère sereine, disposent parfois d’un cachet particulier qui provoque chez ses visiteurs un sentiment de bien-être.
C’est ce qui se passe dans notre demeure.
Et pourtant…
En découvrant la maison de mon Capitaine pour la première fois, je craignais beaucoup cette rencontre.
Et si je m’y sentais mal?
Pour me rassurer, Celui qui m’accompagne m’avait expliqué quels travaux il envisageait d’y lancer, m’associant à ses projets en me disant que j’aurais carte blanche sur de nombreux points.
Lorsque le grand jour est arrivé de reprendre possession des lieux, nous avons tous deux vécu une série d’émotions fortes.
La maison n’était pas vide mais remplie d’une foule de choses que sa précédente locataire avait laissées, dans toutes les pièces.
Les murs étaient défraîchis, le jardin n’avait pas été entretenu, le ménage de sortie n’avait pas été réalisé…
Bref, mon Capitaine qui, après l’avoir rénovée, l’avait quittée fraîche et propre, la retrouvait dans un état qui l’a peiné.
Une Belle au bois Dormant qui semblait attendre son retour en dépérissant petit à petit.
De mon côté, j’ai essayé de faire abstraction de l’état de chaque pièce pour ne m’attarder que sur le potentiel de la maison.
Et il était énorme.
Depuis, beaucoup de travail a été effectué.
Vidée, repeinte, nettoyée, emménagée, elle revit.
A chaque pièce terminée, elle devient un peu plus pimpante.
Mais il faudra patienter encore plusieurs semaines pour qu’elle soit tout à fait terminée, le temps que les artisans achèvent de construire et de poser les équipements prévus.
Depuis une semaine que nous y vivons, j’apprends à la découvrir, à identifier ses rares bruits.
Cette maison ressemble à mon Capitaine: solide, apaisante, généreuse.
Etrangement, j’y renoue avec le soleil nocturne, moi qui souffre d’insomnies depuis dix ans.
J’ai appris par Celui qui m’accompagne que sa construction initiale daterait du 15e ou 16e siècle.
Le 16e siècle… l’époque de Louis XIV…
Depuis, les générations s’y sont succédé, chacun y a ajouté sa touche personnelle, l’a agrandie, embellie selon ses moyens.
Aujourd’hui, c’est notre tour.
Mon Capitaine m’encourage à l’appeler « notre » maison.
Très consciente du fait qu’elle était là avant nous et qu’elle le sera encore après que nous l’ayons quittée un jour, j’ai plutôt tendance à me dire que c’est à elle de dire de nous: « mes habitants actuels ».
Ce que je sais en revanche, c’est que c’est un privilège d’y habiter, et que nous avons très envie de lui rendre ce qu’elle nous donne.
Martine Bernier