Comme je l’ai déjà expliqué ici, Kaki, ma petite poule Bantam Pékin Millefleurs a droit en ce moment au traitement de la dernière chance.
Vingt jours d’antibiotique « spécial poules » que nous lui administrons chaque matin à l’aide de notre fameuse seringue sans aiguille.
Et notre petite patiente se prête à l’exercice de plus ou moins bonne grâce.
Je ne sais pas quelle est la composition de ce médicament, mais à mon avis, il doit être saupoudré de nitroglycérine.
Kaki, depuis qu’elle l’ingurgite quotidiennement, est à nouveau dans une forme olympique.
Je crains toujours que, après 20 jours, les symptômes de la maladie réapparaissent et que le vétérinaire me confirme alors qu’il n’est pas possible de la sauver.
Mais, en attendant ce verdict, je savoure les exploits de ma protégée.
Elle qui était timorée est désormais la première partout.
Dès que j’apparais, elle court vers moi tête en bas, coudes (pardon: ailes) serré(e)s au corps et postérieur en l’air, en position aérodynamique.
Et si, en prime, j’ai une assiette à la main contenant les aliments qu’elle préfère, elle vole par-dessus les trois autres, arrive la première et monopolise le repas.
Aujourd’hui, elle est devenue chef de gang.
Une douce mais énergique Al Caponette à l’appétit gargantuesque.
A tel point que Chine, ma Pékin caillouteuse, qui régnait jusqu’ici sur le poulailler, n’ose même plus approcher l’assiette de friandises.
Elle ne dépérit pas: je mets suffisamment de graines pour tout le monde, y compris pour les oiseaux du coin.
Mais j’ai mal au coeur de voir ma petite reine déchue, toujours entourée par Plume et Praline, ses fidèles sujets, mais nettement moins snob et orgueilleuse qu’elle l’était il y a encore peu de temps.
Hier soir, alors que je leur rendais une dernière visite après qu’elles aient pris le chemin de leurs quartiers de nuit, j’ai eu une petite conversation avec elles:
– Bon, les nanas, il va falloir se reprendre. Kaki, il faut te calmer! Je suis ravie de te voir en forme, mais de là à te transformer en despote emplumé, non. J’ai donc décidé que, demain, il n’y aura pas une, mais deux assiettes. La tienne et celle de Chine. Praline et Plume, je compte sur vous pour ne pas vous laisser faire! Allez, on dort. Extinction des feux!
Kaki s’était déjà installée « à l’étage », sur la banquette paillée, tandis que les trois autres se serraient l’une contre l’autre au rez-de-chaussée.
J’ai maugréé quelque chose à propos de notre prochain cours qui portera sur la cohésion du groupe et j’ai refermé la porte pour retrouver Pomme.
Martine Bernier