Mon Capitaine monte au front!

Depuis quelque temps, des indices de plus en plus flagrants m’indiquaient que mes poules n’étaient plus les seules occupantes du poulailler.
Après avoir découvert un tunnel aux bords parfaitement arrondis s’enfonçant dans le foin jusqu’à une destination inconnue, j’ai fini par en parler à mon Capitaine:

– Je crois que nous avons des souris dans le poulailler. Je voudrais que tu viennes voir le tunnel que j’ai trouvé…

Il est venu, il a vu… et a décidé d’agir.
Remontant le tunnel en question, il a trouvé deux petits trous qu’il s’est appliqué à cimenter.
Le lendemain matin, lorsque je suis allée voir mes poules… un autre tunnel avait été creusé et la mangeoire était à nouveau sens dessus-dessous.
Je l’ai signalé à mon Capitaine qui a consacré une nouvelle fois un long moment au poulailler.
Il a posé une latte en bois le long de la porte, ayant découvert une fine possibilité, pour une souris, de s’y enfiler.

Dimanche matin, mes quatre protégées m’attendent dans un poulailler où règne un désordre indescriptible.
Elles sont peureusement réfugiées dans les hauteurs, me voyant arriver avec soulagement.
Clairement, les souris sont vexées.
Elles n’ont pas bien pris les modifications effectuées à l’accès de leur Eden.
Je refais un rapport à mon Capitaine qui vient faire un constat.
Je pense que c’est en découvrant le bas de son ouvrage en bois rongé par des petites dents tenaces que l’affaire a pris une autre dimension pour lui.
Un peu plus tard dans la matinée, alors que j’étais en conversation sur Skype, j’ai vu passer ma tendre moitié poussant une brouette d’un air décidé, en direction de l’enclos.
Il était clair, cette fois, que son intention était de transformer les lieux en bunker anti-souris.
L’ennemi ne passerait plus, non mais!
Il a vidé le poulailler de son foin et l’a nettoyé à fond, n’en laissant que sur les plates-formes, en hauteur.
Puis il a posé une plaque en métal sur la porte, ne laissant aucune possibilité aux souris de l’entamer.
A malin, malin et demi!

Le soir, lorsque j’ai été fermer la porte pour la nuit, mes quatre poulettes étaient serrées contre les unes contre les autres tout en haut, et ne semblaient pas très à l’aise dans cette pièce qui n’était plus tapissée de foin au sol.
Plume,  ma petite poule grise si curieuse et si bien dans ses plumes d’habitude, a tenté de descendre sans oser le faire, braillant de toutes ses forces comme pour me faire comprendre que quelque chose la contrariait.
Je l’ai prise délicatement et l’ai posée sur la banquette inférieure, mais elle s’est empressée de remonter, trompettant  de plus belle.

Comme si cela ne suffisait pas, ses trois acolytes l’ont accompagnées dans son concert tout en me regardant.
C’était la première fois de ma vie que j’avais à faire face à une  manifestation de gallinacés en colère!
Je leur ai promis de rencontrer leur déléguée syndicale le lendemain, et je leur ai souhaité bonne nuit avant de refermer la porte désormais blindée.

Lundi matin.
Autant dire que je m’interrogeais en me dirigeant vers le lieu stratégique.
Qui avait gagné la bataille, les souris ou mon Capitaine?
Suite au prochaine numéro!

Martine Bernier

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