Le souci de santé auquel j’ai été confrontée ces derniers temps m’a tenue longtemps éloignée du poulailler.
Trop longtemps au goût de mes petites poules qui, lorsque je suis revenue vers elles, semblaient m’avoir oubliée.
En revanche, elles ont beaucoup aimé les soins de mon Capitaine qu’elles considèrent désormais comme un allié.
Tous ceux à qui j’en ai parlé m’ont dit la même chose: « Les poules, c’est comme ça. Ca n’a pas de tête. »
J’ai donc repris le chemin du poulailler plusieurs fois par jour, comme je le faisais auparavant.
Et j’ai recommencé à leur parler, à les choyer, à les caresser… lorsqu’elles se laissent approcher.
Hier matin, alors que je venais de leur ouvrir la porte, de nettoyer les litières et de donner des graines fraîches, je suis ressortie de l’enclos et suis restée là, appuyée à la porte, à les regarder manger.
Plume, toujours aussi délurée, me jetait de petits coups d’oeil en coin de plus en plus appuyés, lorsque, finalement, elle s’est plantée en face de moi en me lançant un couêêêc sonore.
– Je te dérange, Plume?
– Couêêêêc!
– Ah bon. Donc je vais prendre ça comme une invitation à rester.
Elle est restée là, à me surveiller du coin de l’oeil en faisant de petits pas et en picorant des graines disposées sur le sol.
– Il paraît que vous n’avez pas de tête. Il va falloir que tu fasses un effort pour me prouver le contraire. Non?
– …
– Tu ne réponds pas? Ca doit vouloir dire que soit c’est la vérité, soit vous baignez toutes dans un océan d’ingratitude. Bon, je te laisse, je reviendrai plus tard! Salut, les Boulettes, bonne journée!
Un concert de gloussements m’a répondu.
Et, au milieu de ce léger chahut, un grand couêêêc retentissant.
Je me suis retournée.
Plume me regardait partir.
J’ai souri toute seule:
– D’accord… je retire ce que j’ai dit.
Martine Bernier