Dans le jardin à peine rafraîchit par l’orage de la nuit, les rosiers continuent à nous offrir leur deuxième floraison.
Et c’est ainsi que j’ai eu la surprise très inattendue de voir, durant la semaine, mon rosier Winchester Cathedral, qui avait déjà fleuri une première fois en m’offrant des fleurs immaculées, préparer des boutons hors norme.
Alors que la partie droite de la plante voyait grossir des boutons qui s’annoncaient blancs, couleur traditionnelle de ce beau rosier parfumé, la partie gauche, elle, révélait des pétales qui promettaient d’être roses.
J’ai patienté, imaginant que la couleur pouvait encore être modifiée lors de la floraison… mais non.
Quelques jours plus tard, le rosier m’offrait une fleur parfaitement roses.
Resterait-il rose à l’avenir?
Ce qui ne me déplaît pas, mais qui l’éloigne de ce qu’il est censé être…
Lorsque je me trouve devant une interrogation de ce genre, je me tourne immanquablement vers la personne de référence en la matière, à mes yeux: Mme Schusselé, dont j’ai plusieurs fois parlé ici, et qui possède l’un des plus beaux jardins de roses que je connaisse, à Ollon, en Suisse.
Je lui ai donc adressé un petit mot auquel elle n’a pas tardé à répondre.
Et elle m’a appris qu’elle aussi a parfois la surprise d’accueillir des fleurs de Winchester Cathedral roses.
Pourquoi?
Parce que ce rosier est une mutation du Mary Rose de David Austin.
Il lui ressemble comme deux gouttes d’eau.
La seule chose qui l’en différencie est sa couleur, rose pour le Mary Rose, blanche pour son descendant.
Et de temps en temps, ses origines réapparaissent à travers une fleur.
Ici, c’est aujourd’hui tout le rosier qui s’offre une incursion hors des sentiers battus.
Il s’apprête à fleurir rose à gauche et blanc à droite, à travers une bonne dizaine de boutons.
C’est beau, insolite et troublant.
Car pour moi, le message est clair: en matière de jardin en général et de roses en particulier, ce n’est pas toujours nous qui décidons.
Martine Bernier