Lorsque j’étais enfant, ma grand-mère maternelle, qui habitait au rez-de-chaussée de notre maison, nous gardait assez souvent, mon frère cadet et moi.
Nous avions un tiroir à disposition dans lequel se trouvaient des « bouts de rien » censés nous aider à passer le temps.
Mais ce que je préférais, c’était ses boîtes à ouvrages contenant des boutons, des bouts de galons etc.
Ces heures passées toute seule à trier les boutons par formes ou par couleurs font partie de mes premiers souvenirs.
Si ma grand-mère paternelle aimait s’occuper des enfants et leur parlait beaucoup, ce n’était pas tout à fait le cas de mon autre aïeule maternelle.
Elle nous aimait bien, mais le montrait différemment.
Elle nous préparait des galettes et des gaufres, tricotait pendant des heures et avait la main leste lorsque j’avais le malheur de tirer sur l’une des aiguilles pour « voir ce que cela fait ».
Elle parlait aussi parfois de « son temps »…
Je n’avais pas encore atteint l’âge de m’intéresser à ses souvenirs pourtant si précieux, et elle avait passé celui de s’intéresser vraiment à une petite fille.
Ce qui fait que, très vite, je me suis lassée du tiroir et du silence, et j’ai préféré rester dans ma chambre plutôt que passer du temps avec elle.
Je descendais la voir deux ou trois fois par jour en coup de vent.
Un baiser, deux ou trois phrases et… je regagnais mon univers.
Je le regrette aujourd’hui…
Depuis que je suis grand-mère à mon tour, notre appartement s’est transformé peu à peu.
La bibliothèque des enfants déborde de livres dans lesquels ils piochent à chaque visite.
Des rayons pleins à craquer…
Quant au coin jouets qui se limitait au départ à un simple coffre à jouets installé dans un angle du salon, il a pris lui aussi une ampleur que j’ai bien de la peine à contenir dans un périmètre raisonnable.
Il déborde dans la véranda où un énorme coffre regorge lui aussi de trésors.
Puis… je me mets à leur disposition.
Lorsque les enfants viennent, ils le savent: nous jouons, nous parlons, nous rions, nous nous racontons de histoires, inventons des univers… jusqu’à ce que je n’en puisse physiquement plus.
L’heure est alors venue de recharger les batteries.
Mes grands-mères, chacune sa façon, m’ont prouvé que ce rôle est important dans la vie d’un enfant.
Des deux miennes, j’ai gardé des souvenirs impérissables, des leçons de vie, une mémoire familiale que j’essaie de transmettre à mon tour.
J’espère que les petits-enfants que j’ai la chance d’accompagner pour un bout de chemin garderont avant toute chose de nos moments communs une joie de vivre bienfaisante…
Martine Péters