Depuis quelques jours, la Dame de Chiboz et moi abordons le thème de la communication entre les hommes et les animaux.
Il s’agit pour moi de quelque chose d’évident et de naturel: les animaux nous parlent, expriment leurs sentiments, leurs demandes, en utilisant un langage qui n’est pas celui de la parole, mais qui est parfaitement compréhensible.
J’en ai eu un exemple fascinant ce dimanche.
J’étais au poulailler où j’avais préparé deux assiettes de nourriture appétissante pour mes poules qui sont sorties avec enthousiasme afin d’y goûter.
Seule Praline, ma jolie Pékin noire, était restée à l’intérieure et me regardait nettoyer les lieux tout en lui faisant la causette.
Je lui posais des questions et elle me répondait par de petits « kwêêêk » comme elle le fait de plus en plus depuis ces derniers mois.
Nous étions dans notre conversation lorsque Bulle, la plus jeune de mes poules Pékin, la plus timide aussi, est revenue dans le poulailler au pas de course.
Cette adorable poulette est encore un peu farouche même si elle me suit partout, et j’ai pour elle des attentions toutes spéciales.
Dernière arrivée, elle est tout en bas dans la hiérarchie et a rarement accès aux écuelles sans être chassées par l’une ou l’autre de ses aînées.
Je dois donc faire preuve d’imagination pour la nourrir correctement sans qu’elle soit dérangée.
Elle est entrée à toute vitesse dans le poulailler, donc, et, contrairement à ses habitudes, s’est perchée juste en face de moi, à une vingtaine de centimètres de mon visage.
Son regard bien planté dans le mien, elle s’est exprimé avec une véhémence que je ne lui connaissais pas.
– Qu’est-ce qui se passe, Bubulle? Tu ne peux pas aller manger? Elles t’ennuient, tes copines?
En réponse, elle m’a offert un long enchaînement de protestations.
– Je comprends… Viens, nous allons arranger ça…
Je suis ressortie de la pièce, Bulle et Praline sur les talons, et j’ai aménagé un troisième point de nourrissage, m’arrangeant pour poser des graines sur le sol pour que Bulle puisse manger, quoi que fassent les autres.
Elle s’est précipitée, mais Kaki, ma tendre Kaki, lui a fait comprendre qu’elle ne voulait pas d’elle, ce que je n’ai que modérément apprécié.
Je le lui ai fait comprendre calmement:
– Ah non, Kaki, pas toi! Ca, tu ne fais pas! Va manger là et laisse-là tranquille.
Kaki m’a regardée et est allée vers l’assiette que je lui désignais.
Bizarre?
Pas vraiment.
Depuis des mois, je leur apprends à se poser à différents endroits du poulailler en tapotant les planches avec mon index et en leur parlant.
C’est aussi de cette façon que je leur montre les cadeaux spéciaux que je leur apporte.
Il était donc normal que Kaki suive mon geste.
Bulle a donc pu manger tranquillement.
Lorsque je suis partie, elle m’a suivie, je lui ai parlé, et elle est retournée dans son groupe.
L’étonnant dans tout cela?
Cette petite poule que je n’ai que depuis quelques mois à peine est venue me chercher pour me demander de l’aide…
Martine Bernier