Depuis des semaines, Chine, la petite poule Pékin, cheffe de mon groupe de poulettes, était pour la deuxième fois sous l’emprise d’une crise de couvaison nerveuse qui la poussait à ne plus quitter le poulailler.
Elle a plus que d’autres l’âme d’une poule couveuse et s’obstine à couver le vide sans que je puisse la convaincre d’abandonner son idée.
Je la porte donc hors du poulailler pour qu’elle se nourrisse et bouge un peu, et, depuis quelques jours, je ferme ledit poulailler dans la journée pour lui en interdire l’accès.
Dimanche dernier, alors que nous avions de la visite peu après le départ de mon fils, l’un des visiteurs, qui a lui aussi des poules, m’a dit qu’il avait rencontré le même problème et qu’il avait tôt fait de le régler.
Je lui ai évidemment demandé comment il avait fait, et il m’a expliqué qu’il avait trempé le postérieur de sa poule dans un bassin rempli d’eau et de glaçons.
Hum.
Malgré l’apparente efficacité du geste, j’étais plus que sceptique.
Lorsqu’il m’a demandé si j’allais le faire, je lui ai poliment répondu qu’il fallait que je me prépare psychologiquement… sachant pertinemment que je n’infligerais jamais un traitement pareil à mes poules.
Le soir, au moment de rentrer mes protégées, j’ai eu une explication avec Chine que je tenais dans mes bras où elle se prélassait lascivement:
– Chichi, il faut que ça cesse, maintenant! Tu as entendu ce qu’a dit le monsieur? Ca devient ridicule, ton histoire! Maintenant que Bruno a terminé le chemin de dalles, je fermerai la porte entre les deux enclos pour que Bulle puisse faire son oeuf dans le sac à foin comme d’habitude. Mais toi, tu ne mets plus une patte dans le poulailler en dehors de la nuit tant que tu n’es pas redevenue toi-même. Sur ce, bonne nuit!
Je sens que vous n’allez pas me croire.
Le lendemain, Chine allait beaucoup mieux.
Et le surlendemain, l’épisode de la couvaison inutile n’était plus qu’un lointain souvenir.
Elle ne cherchait plus à rentrer dans le poulailler.
J’en ai déduit que l’arrivée de l’automne et d’un temps plus frais l’avait ramenée à la normale.
Ou alors… la déclaration de notre visiteur et la perspective d’un bain de siège à la mode Rika Zaraï l’a traumatisée!
Martine Péters