J’avais beaucoup, mais vraiment beaucoup de choses à faire ce matin-là.
En me dirigeant vers le poulailler, j’avais dans la tête les tâches qui m’attendaient, et je n’avais qu’une hâte: me retrouver devant mon clavier pour pouvoir écrire.
En ouvrant la porte de la maison de mes poules, j’ai compris en quelques secondes que quelque chose n’était pas normal.
Neige, d’habitude toujours impatiente de sortir, me tournait le dos et ne bougeait pas.
Elle avait l’air mal à l’aise…
Pensant qu’elle était malade, je l’ai prise… et j’ai compris.
Elle avait à nouveau dû pondre un oeuf à coquille molle dans la nuit, l’avait mangé, et c’était entièrement salie avec le jaune.
Ce qui est très, très agaçant car, outre le fait qu’elle soit très sale et mal dans sa peau, le jaune d’oeuf se fige lorsqu’il sèche, formant un carcan dans les plumes, et dégageant une odeur très désagréable.
Je ne pouvais pas la laisser comme cela.
Mon travail attendrait: ma journée allait commencer par la corvée du bain.
J’ai emballé ma poule sommairement dans un essuie-tout, et je l’ai emmenée avec moi dans la salle d’eau, lui faisant la leçon au passage:
– Neige, flûte, à la fin! C’est la deuxième fois que je suis obligée de te laver. Et cette fois le chiffon humide ne suffira pas! Tu ne peux pas arrêter tes bêtises, non?
Penaude, ma petite poule hollandaise d’habitude immaculée, me répondait par de faibles « côôôt » un peu gênés.
Cinq centimètres d’eau dans le lavabo, une éponge et le recours d’un peu de savon m’ont permis de lui redonner un aspect à peu près correct… à ceci près qu’elle était trempée.
Or, dehors, il pleuvait…
Je ne voulais pas qu’elle se retrouve avec une pneumonie: il fallait donc la sécher.
J’ai commencé par la frictionner doucement à l’aide d’un linge,
puis j’ai eu recours aux grands moyens: le sèche-cheveux, transformé pour l’occasion en sèche-plumes.
Contrairement à ce que je craignais, elle n’a absolument pas eu peur de l’engin et a même semblé apprécier l’opération.
Une poule hollandaise, d’habitude très fringante, affiche une mine très piteuse lorsqu’elle est mouillée.
J’ai mis du temps à lui rendre un aspect plus ou moins correct.
Je pensais la garder dans la maison quelques heures avec nous, le temps qu’elle soit parfaitement sèche, mais le fait qu’elle glisse sur le sol m’a convaincue de la ramener parmi les siennes, à la grande déception de Pomme, toute heureuse d’avoir retrouvé « sa » poule.
Martine Péters