Il y a quelques années, j’ai consacré un texte sur Ecriplume à Michel et Betsy, des amis de ma mère, qui étaient non-voyants et que j’ai bien connus (voir le texte ci-dessous).
Un soir de cette semaine, j’en parlais avec mon Capitaine, et je me suis rappelée d’un détail qui m’avait beaucoup marquée.
Michel, qui me demandait toujours de lui décrire ce qui nous entourait et les choses qu’il ne pouvait pas bien imaginer, m’avait questionnée sur les couleurs.
Il souhaitait que je les lui décrive.
C’était une tâche difficile…
Je m’étais dit que je n’y arriverais pas en utilisant uniquement les mots qui, pour la plupart, se référaient à des choses qu’il ne pouvait pas imaginer.
J’ai donc pensé utiliser ses autres sens pour lui donner une idée.
Par exemple, j’avais rapproché ses mains de la flamme de sa gazinière en lui expliquant que le feu évoquait le rouge et l’orange, des couleurs chaudes par excellence.
Le parfum d’une orange était associé à sa couleur.
Celui de la menthe et de la chlorophylle étaient le vert.
Les glaçons du congélateur ou la neige, plutôt rare en Belgique à cette époque, lui parlaient de blanc…
J’avais imaginé des associations de ce genre pour toutes les couleurs.
C’était devenu un jeu entre nous, qui nous mettait en joie.
Je pense toujours à ce couple si particulier et à leur fils, si attachant.
J’a énormément appris à leur contact… sur eux comme sur moi.
Martine Péters