Le réveil Blanche-Neige

Je devais avoir 7 ou 8 ans quand mes parents m’ont offert un réveil Blanche-Neige identique à celui-ci… mais plus frais!
Il était pimpant, d’un bleu légèrement turquoise.
Tellement joli qu’il a dû faire craquer un nombre incalculable de petites filles.
Recevoir un réveil était symbolique.
C’était un objet « de grands qui savent lire l’heure et qui savent se réveiller tout seuls en réglant la sonnerie ».
Plutôt flattée, j’ai emporté mon précieux réveil et l’ai placé sur ma table de nuit.
Mais, dès la première nuit, j’ai compris que lui et moi allions avoir un problème.
Les oiseaux que je trouvais très mignons et qui bougeaient gracieusement marquaient en fait le rythme des secondes.
C’est à cette époque que j’ai découvert qu’il m’était impossible de dormir s’il y avait le moindre bruit dans ma chambre.
Ce lancinant tic-tac m’était insupportable, et, évidemment, je n’osais pas le dire à mes parents de peur de les décevoir.
J’ai tout essayé… et j’ai finalement opté pour une décision radicale.
Une fois que mon père avait fermé la porte de ma chambre, après  être venu me border et m’embrasser, je prenais mon réveil, me relevais et filais à pas de loup jusqu’à la grande armoire.
J’y fourrais mon bruyant compagnon sous une pile de vêtements, refermais la porte et retournais me coucher.
Puis je transformais mon lit en tente de camping, prenais le livre que j’étais en train de lire, extirpais ma mini lampe de poche de dessous mon matelas… et je commençais ce que j’estimais être le meilleur moment de la journée.
Le matin, je me levais tôt, filais rechercher le réveil et le remettais à sa place.
Jusqu’au jour où… un dimanche matin, après avoir lu trop tard la veille, je ne me suis pas réveillée à temps.
Mon père, inquiet de ne pas me voir, est venu vérifier que tout allait bien.
Son arrivée m’a réveillée en sursaut, mais il était trop tard pour récupérer l’objet du délit.
Il n’a pas tardé à constater son absence et m’a demandé si je savais où il était.
Penaude, je suis allée vers l’armoire et en ai sorti mon beau réveil Blanche-Neige.
Il a bien fallu que j’explique pourquoi lui et moi faisions chambre à part.
Amusé, il a compris et a suggéré l’idée que j’arrête de le remonter pour qu’il cesse de fonctionner, tout simplement.
A partir de ce jour, mon réveil et moi avons cohabité en bonne entente, et j’ai développé la capacité de me réveiller automatiquement aux heures que je me programmais mentalement la veille.
Depuis, je n’ai jamais pu supporter la présence d’un réveil à côté de mon lit.
Même les digitaux ne sont pas admis en raison de leur luminosité.
Mais je garde de cet objet vintage dédié à Blanche-Neige un souvenir attendri!

par

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *