L’inconnue inoubliable…

Alors que j’étais adolescente, ma mère m’a un jour raconté l’un de ses souvenirs, que je n’ai jamais oublié.
Elle avait une vingtaine d’années lorsque ses parents lui ont fait prendre des cours de secrétariat, pour pouvoir donner un coup de main à la menuiserie familiale.
Dans sa classe, Maman avait une amie qu’elle appréciait.
Elles aimaient se retrouver au cours et partageaient les mêmes rêves de jeunes femmes.
La guerre est arrivée, et Bruxelles n’a pas été épargnée par la visite des Occupants.
Ma mère était née en 1921.
J’ai reconstruit la genèse de l’histoire qu’elle m’a racontée en me penchant sur l’histoire de la Belgique, où elle vivait, pendant la guerre.
Un jour, son amie n’est pas venue en cours.
Le lendemain, le surlendemain et les jours suivants, elle n’était pas là non plus.
Personne ne l’a jamais revue, ni elle, ni personne de sa famille.
Cette jeune femme était juive, et, dès 1942, les Allemands ont fait subir aux Juifs des persécutions allant jusqu’aux déportations et aux drames que l’on connaît.
L’amie de Maman avait elle pu fuir avec sa famille?
Ou le pire leur était-il arrivé?
Je n’ai jamais oublié ce récit.
L’histoire de cette jeune femme m’a hantée toute ma vie, alors que je ne connais même pas son prénom.
Elle symbolise pour moi toutes ces vies brisées, déchiquetées… sans raison.
Depuis, la haine de l’Autre m’est insupportable.

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