Mon Capitaine, qui n’a pas eu, au cours de sa vie, à traiter le cas de spécimens en mon genre, a tendance à réfléchir à deux fois avant de répondre à ce qu’il pense pouvoir être une question piège de ma part.
Ce matin-là, au petit-déjeuner, moment où j’adore le taquiner, je lui demande, avec un large sourire:
– Est-ce que tu es heureux?
Il pose sur moi un regard où je décèle une légère lueur d’inquiétude, mais il répond:
– Oui… très heureux. Pourquoi?
– Parce que quand je suis très heureuse, cela se voit. J’ai tendance à sautiller! Or, il me semble que je ne t’ai encore jamais vu sautiller.
– Si, si, je sautille! Discrètement, mais je sautille.
– Tsss… le but du sautillement est de le montrer pour faire partager ta « joâe » et ton bonheur! S’il est discret, il perd son sens!
La journée s’écoule, jusqu’au moment où je vois mon Capitaine s’approcher de moi en se trémoussant en mode « Happy Baloo ».
Amusée, je le regarde faire en riant et je lui demande:
– Ne me dis pas que…
– … si! Je sautille!