Dès l’entrée, j’ai senti que la journée serait belle, à l’atelier d’écriture.
J’ai été accueillie par une partie de mon groupe de filles qui, pendant que leurs camarades étaient au sport, m’ont ouvert la porte en grande pompe, avec des courbettes et une mini haie d’honneur:
– On a une surprise pour toi! On a écrit nos textes, nos histoires, et on a fini nos dessins!
– Sérieusement?! Vous avez trouvé le temps et l’envie de faire tout cela?!
– Oui!
– Vous êtes formidables! Cela va nous avancer! Je vais aller préparer mon matériel… je sens que nous allons avoir une bonne séance!
– On peut venir avec toi?
– Oui, mais il faut demander la permission à Muriel…
Quelques minutes plus tard, le reste du groupe nous rejoignait…
Plutôt que de résumer l’appel de l’Abbé Pierre aux enfants, j’avais donc décidé de leur camper le décor qui l’a poussé à intervenir comme il l’a fait: cet hiver particulièrement rude et glacial, la souffrance des personnes sans-abri dont plusieurs sont mortes de froid.
Puis je leur ai lu son appel dont je parlais ici même il y a deux ou trois jours.
Je craignais qu’ils ne soient pas réceptifs.
C’est le contraire qui s’est produit.
La bonté et le courage de cet homme remarquable reste un exemple, y compris pour les très jeunes générations qui le découvrent …
Cette immersion dans l’histoire de l’Abbé Pierre m’a permis de façonner un quizz avec les plus grands pour pousser nos futurs lecteurs à tester leurs connaissances sur le sujet.
Un moment formidable… les idées fusaient, chacun s’impliquait tandis que le tournus des enfants qui passaient à l’ordinateur pour écrire leurs textes en attente continuait à s’effectuer.
Lorsqu’est venu le tour de Roxane, 11 ans, elle s’est approchée de moi avec son cahier et m’a dit:
– Tu veux bien lire ce que j’ai écris?
– Oui, bien sûr…
Et j’ai découvert ceci:
La pauvreté
La pauvreté, c’est malheureux,
Peut-être sont-ils heureux.
Certains d’entre eux sont héroïques,
Ils sont magnifiques.
Tout le monde devrait aider
Ceux qui ne sont pas aisés.
Tout le monde devrait connaître
Ce mal-être.
Il faudrait aider, faire des listes…
Cela est bien triste.
Roxane, 11 ans
Ce poème spontané, écrit en vers, elle l’a rédigé tout en participant à l’élaboration du quizz et en apportant ses idées.
J’ai été très touchée par ses mots, par sa sensibilité, par ses premiers pas dans l’univers des rimes… et je lui ai demandé de lire son texte à haute voix pour que chacun puisse en profiter.
L’accueil de ses copains, qui l’ont écoutée dans un silence religieux, était révélateur de leurs sentiments.
Ca a été l’un des plus beaux moments de l’atelier… Roxane, petite fille plutôt discrète, rougissait devant les compliments qui lui ont été adressés …
Puis elle m’a demandé:
– Tu crois que je devrais le taper à l’ordinateur pour le journal?
– Oui, mille fois oui. Ton poème en sera l’une des perles…
Cette séance était la dernière avant les vacances de février: l’atelier reprendra en mars pour la suite de notre travail.
Il faut terminer le journal et j’ai le projet de créer avec les enfants un jeu sur le thème de la pauvreté.
Aurons-nous le temps de tout terminer d’ici avril… je l’espère.
En tout cas, je sais à quoi je vais principalement consacrer mon temps durant ces deux prochaines semaines!