Lors de mon atelier de cette semaine, j’ai eu deux fois la preuve que les mots que nous prononçons devant les enfants font leur chemin en eux…
Je le sais depuis longtemps, ce qui me pousse à faire toujours très attention à ce que je leur dis, mais là… c’était particulier et réconfortant.
Voici le premier des deux cas en question…
Lors de notre rencontre précédente, je leur avais demandé de classer un certain nombre de choses en trois catégories; sont elles essentielles à vos vies, simplement utiles ou pourriez-vous vous en passer?
Cela a donné lieu à d’intéressants débats sur certaines des photos proposées, comme les jouets ou les consoles de jeux.
Je n’intervenais que lorsqu’ils me demandaient mon avis, mais je les laissais discuter.
Lorsque j’ai montré la carte de la famille, les réactions ont été quasi unanimes.
Presque tous estimaient que c’était vital à leur bonheur.
Tous sauf un qui a dit: Bah… on pourrait complètement s’en passer.
L’ensemble du groupe est resté horrifié et tous les regards se sont tournés vers moi.
J’ai regardé mon jeune interlocuteur, que je connais depuis un an déjà, et qui entre tranquillement dans la pré-adolescence, et dans la provocation qui l’accompagne:
– Je comprends que tu aimes bien choquer de temps en temps, mais là, si nous voulons que notre travail soit crédible, il faut être honnête dans les réponses.
– Je le suis. Les parents, ça ne sert à rien.
De petites exclamations choquées fusaient autour de la table, ce qui semblait satisfaire mon jeune révolté… Il a continué:
– Si je perdais mes parents, ça ne serait pas grave.
– Ah bon? Que ferais-tu?
– Mon copain habite dans la rue. J’irais habiter chez lui.
– Tiens? Et tu crois que ses parents accepteraient? Je crois que tu rêves tout éveillé… Et toi? Tu penses que tu ne souffrirais pas de ce qui t’arrive? Je vais juste te dire une petite chose, puis nous allons passer à la photo suivante. J’ai perdu mes parents très tôt et j’en ai souffert toute ma vie. Depuis, je sais que lorsque l’on possède un trésor, on ne se rend souvent compte de sa valeur que lorsqu’on l’a perdu. Bon, photo suivante: une console de jeux…
Je n’étais pas revenue sur le sujet et la séance s’était déroulée tranquillement.
Ce mercredi, « mon » jeune ado est venu s’asseoir non loin de moi et je lui ai confié le soin de trouver des mots pour la deuxième grille de mots croisés thématiques que nous finalisons.
Thème de la grille: les choses essentielles à notre bonheur.
Lorsqu’il a eu fini, il m’a lu les mots trouvés.
Parmi eux, il y avait « famille » et « parents ».
Il m’a regardée et nous nous sommes souri.