Parmi les enfants qui fréquentent mon atelier actuel, Bastien, 8 ans, est un super petit garçon toujours prêt à se lancer dans les activités du jour, et s’en acquittant avec enthousiasme.
Il y a deux semaines, alors que nous cherchions tous des idées pour créer de nouveaux dessins pour le jeu Memory que nous réalisions, je leur raconte en quelques mots que, dans les albums de Lucky Luke, les joueurs invétérés qui perdent tout ce qu’ils possèdent au poker finissent souvent tout nus dans un tonneau.
Cela les avait fait rire et chacun s’était remis au travail, créant des dessins sur le thème de la pauvreté qui nous occupe depuis janvier.
Le lendemain, dans mon bureau, en reprenant leurs oeuvres qu’ils m’avaient données à la fin de la séance pour que je les scanne chez moi, j’ai découvert le dessin que vous pouvez voir à droite.
Un bonhomme tout vert couché sur quelque chose de rouge que je n’identifiais pas.
Un peu perplexe, j’avais rangé le dessin dans mon « sac d’école » et, mercredi dernier, alors que nous étions installés autour de la table, je l’ai repris et j’ai demandé:
– Je ne me souviens plus… qui a fait ce dessin rigolo?
Bastien a levé la main, posant sur moi un regard mi-inquiet, mi-interrogateur.
– Merci, Bastien, c’est un dessin très original… Je n’ai juste pas très bien compris ce qu’il représentait… tu veux bien me l’expliquer?
– C’est un bonhomme tout nu qui n’a plus de sous, devant un tonneau!
Les réactions et quelques rires bienveillants ont fusé d’un peu partout, et j’ai continué:
– Ah la, la… je comprends mieux! Et j’ai l’impression que je me suis mal expliquée… Je vais vous faire un petit croquis de mon personnage dans son tonneau pour que vous compreniez mieux. Mais je vous préviens, je ne dessine pas aussi bien que vous!
Et j’ai griffonné mon bonhomme du mieux que j’ai pu.
Cette fois, Bastien a compris.
Il a pris mon bout de papier et a filé dans un coin comme il le fait d’habitude, pour s’en inspirer afin de bien fignoler son oeuvre.
Un peu plus tard, il est revenu avec ceci:
Il ne me l’a pas montré tout de suite.
C’était la fin de notre temps imparti, il fallait ranger rapidement.
Il l’a glissé dans la « chemise des graphistes » puis quelqu’un est venu nous prévenir que son frère et lui étaient attendus par la personne qui venait les chercher.
Bastien m’a dit qu’il était content d’aller au foot et que, plus tard, il voulait continuer à être arbitre « parce qu’il adore ça ».
Il a filé, courant pour rattraper son frère, mais il est revenu au grand galop, et, pour la première fois, m’a « claqué » une bise sur la joue en me disant: « Bonnes vacances, Martine! A bientôt! »
Et il est reparti à toute vitesse.
Le lendemain, chez moi, j’ai repris toutes les illustrations pour les scanner.
Et je suis tombée sur la sienne…
Non seulement son dessin était parfait mais, en prime, il l’avait légendé pour être bien sûr que, cette fois, je comprenne!
J’ai adoré…
En regardant son petit bonhomme, je riais toute seule face à mon ordinateur!
