J’ai toujours aimé la poésie.
Les vers que je préfère sont gravés dans ma mémoire, mais il m’arrive toujours de rester en arrêt devant des mots touchants, troublants…
C’est le cas pour ce poème découvert complètement par hasard.
Des mots de femmes…
Esther Granek est une poétesse belgo-israélienne, née à Bruxelles en avril 1927, et décédée à Tel-Aviv en mai 2016.
Elle était l’une des survivantes de la Shoah.
Ce poème m’a touchée et m’a donné l’envie de lire d’autres de ses écrits…
Évasion
Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer,
statue de chair et coeur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire…
Esther Granek, De la pensée aux mots – 1997