L’auto stoppeur

Jeudi soir, lors d’une conversation avec Estelle, à propos de la conduite, elle m’a demandé « Tu n’aimais pas conduire? »
Je lui ai répondu que je n’étais pas à l’aise au volant… et que lorsque je conduisais, je ressemblais plutôt à Oui-Oui dans son taxi.
Comme elle m’interrogeait sur ma déclaration, je lui ai expliqué qu’à l’époque, j’avais pour habitude de prendre les auto-stoppeuses et les jeunes qui sortaient du Collège, à Aigle(Suisse) et qui avaient loupé leur train pour remonter à Leysin, aux Mosses ou aux Diablerets… ou l’inverse.
Mon but était d’éviter que les uns comme les autres fassent de mauvaises rencontres…
Et, pour aller au bout de ma démarche, je ne me contentais pas de les « avancer ».
Je les conduisais jusqu’à destination, même si c’était à l’opposé de la mienne.

Le lendemain matin, au petit déjeuner, je raconte la conversation à mon Capitaine, assez perplexe de découvrir une nouvelle facette de la personnalité de la « doux dingue » qu’il a épousée.
Je lui raconte donc une anecdote qui me fait rire encore aujourd’hui…
Un soir que j’étais à Aigle et que je m’apprêtais à remonter à Leysin, j’ai vu deux femmes, une jeune et une plus âgée, plantées avec leurs valises au milieu de la place où partaient et arrivaient les trains « pour la montagne ».
Elles avaient l’air complètement désemparées.
Je leur ai demandé si elles avaient besoin d’aide et elles m’ont expliqué qu’elles avaient manqué leur correspondance pour les Diablerets.
J’ai eu mal au coeur pour elles, et je leur ai proposé de les y emmener.
C’était un détour, mais finalement pas si important que cela.
Elles étaient ravies.
Dans la voiture, à leur accent, j’ai vite réalisé qu’elles étaient Belges.
La plus âgée a dit: « En tout cas, vraiment merci! Je ne savais pas que les Suisses étaient aussi gentils! »
Le nez sur la route, j’ai répondu: « Oui, enfin moi, je ne suis que Suissesse d’adoption… je suis Belge. »
Vous imaginez l’ambiance hilare jusqu’aux Diablerets…

Mon Capitaine, après m’avoir écoutée, m’a posé une question: « Et moi, si j’avais fait du stop, tu m’aurais pris? »
Heu… sincèrement… je ne crois pas. Un grand bonhomme barbu baraqué, de près de 2 mètres, qui prend des mines de loup-garou quand il n’est pas content… ce n’était pas exactement dans mes critères.
Il a pris un air faussement désespéré qui m’a poussée à édulcorer ma réponse:
– Mais si je t’avais connu comme je te connais aujourd’hui, je n’aurais pas hésité! C’est plutôt toi qui aurait hésité à monter! Et toi, si j’avais fait du stop, tu te serais arrêté?
– Certainement pas.
Mais… tu sais bien que je ne t’aurais jamais rien fait!
Si: tu ne m’aurais pas pris en stop.

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