L’oncle Pierre

Quand j’étais enfant, un monsieur rendait visite deux ou trois fois pas an à ma grand-maternelle qui habitait dans l’appartement du rez-de-chaussée de sa maison, alors que nous vivions dans celui du haut.
Dans mon esprit, ma grand-mère était déjà âgée.
A l’époque, dans les années soixante, ne pas paraître son âge n’était pas la préoccupation majeure des femmes.
Ce monsieur devait avoir le même âge qu’elle.
Il avait un accent particulier, était très grand, avait des mains immenses et un regard plein de bonté derrière ses lunettes.
Il m’avait été présenté comme étant l’oncle Pierre, le parrain de maman.
Quand il rendait visite à ma grand-mère, leurs conversations commençaient toujours de la même façon:
– Comment allez-vous, chère Marthe?
– Doucement… Et vous, Pierre?
– Oh, je ne rajeunis pas…
Puis ils parlaient de souvenirs et d’amis communs.

Je ne me suis jamais posé la question de savoir qui était l’oncle Pierre.
J’ai pensé à lui quelquefois au cours de ma vie, en commençant peu à peu à m’interroger.
Ce n’est que cette semaine que je me suis vraiment demandé quels étaient les liens qui l’unissaient à la famille.
Ma grand-mère avait de nombreux frères et sœurs, et je les connaissais plus ou moins.
Mais je ne me souviens pas que l’un de ses frères ou maris de ses sœurs portait le prénom de Pierre.
J’ai réfléchi et, en recoupant certaines données, j’en ai conclu que cet homme devait être le frère de mon grand-père, Léon, cet homme que je n’ai pas connu, mais dont on me disait qu’il était bon et doux.
L’accent de Pierre venait des Ardennes belges, et je crois avoir vaguement entendu que Léon était lui aussi originaire de cette région.
Je n’écoutais pas les conversations du visiteur de ma grand-mère.
Les enfants étaient autorisés à dire bonjour, à s’asseoir quelques minutes, puis devaient filer pour ne pas déranger les grandes personnes.
Les rares souvenirs que j’ai de ces moments se sont envolés, et je n’en garde que des lambeaux.
Mais je vais chercher dans les sites d’état-civil en ligne pour essayer de trouver une trace de mon grand-père inconnu pour moi, et, qui sait, pour découvrir s’il avait bien un lien de parenté direct avec l’oncle Pierre.
Peu à peu, pièce après pièce, je reconstitue un puzzle rendu mystérieux par le fait qu’à cette époque, on ne parlait pas vraiment aux enfants…

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2 réflexions sur “L’oncle Pierre”

  1. Chère Martine,
    Tu sais que chez nous aux Mosses, on appelait toutes les grande personnes, oncle et tante, et encore maintenant quand je remonte aux Ormonts et je croise un ancien je l’appelle toujours par oncle et tante, quand j’ai été plus grand j’avais 13 a 14 ans j ai demandé à ma grand-maman à qui était le frère ou la tante, elle m a répondu que c’était une personne sur qui on pouvait compter, par respect ou pour le remercier. C’est comme l’adoption on adoptait des oncles et tantes et par conclusion plein de cousins, encore maintenant quand 30 ans plus tard on évoque le souvenir de ma grand maman tous l’appellent encore la Tata.
    Bisous a toute maisonnée.

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