Dis, tu m’aimes encore?

Tu m’aimes encore?
Aaaah, cette petite question qui revient sans cesse comme un refrain connu, traversant les âges et les générations…
Que celui ou celle qui ne l’a jamais posée lève la main!
Je l’avoue: personnellement, je suis experte dans l’art de la dégainer.
J’aime bien.
Et mon cher Capitaine, en fin observateur qu’il est, a bien compris, avec le temps, qu’il est hors de question de l’éluder.
Les traditionnels “Bien sûr, mon coeur” ou, pire, le “Mmh” marmonné distraitement sont radicalement bannis sous peine de représailles.

L’amour, même bien installé, a parfois besoin d’un petit coup de polish…
Mon Capitaine, qui continue a travailler de manière très studieuse pour obtenir son Master dans l’Art de Comprendre le Mode d’Emploi de la Femme, a compris que derrière cette question apparemment anodine se cache une ouverture pour lui et une attente pour moi, de placer puis de savourer un peu plus que de simples oui ou non.
Son expérience en la matière et des années d’étude sur le terrain lui ont appris qu’une petite déclaration bien placée ou un mot doux inattendu, permet de marquer des points.

Un soir de cette semaine, au moment de nous quitter pour la nuit, je lui ai posé la fameuse question au moment du baiser du soir.
J’ai vu son regard pétiller de malice: il sait que ce genre de dialogue peut virer rapidement au fou rire.
Bon élève, il a répondu:
– Oui… énormément.
J’ai illico affiché un air déconfit:
– Oh… mais c’est moins qu’avant alors!
Il m’a regardée, ahuri en articulant: « Mais pas du tout! Pourquoi dis-tu ça?! C’est beaucoup, « énormément »! »
– Oui… ce n’est que beaucoup. Tu n’as pas choisi le bon adverbe.
Je venais de le plonger dans un océan de perplexité.
Hésitant mais hilare, il s’est prêté de bonne grâce à mon jeu et a testé deux ou trois autres réponses qui ont récolté une série de réactions faussement déprimées de ma part.
Même le très finaud « Encore plus qu’avant » n’a pas récolté mes bonnes grâce… j’étais décidée à prolonger le jeu.
Finalement, il m’a demandée quel était le fameux adverbe signant la réponse idéale et je lui ai confié: Infiniment.
Enormément, c’est la même chose!
Ah non, pas du tout: infiniment apporte une notion d’éternité et efface les limites.
Nous nous sommes regardés et nous avons éclaté de rire.
Des ados…
Le lendemain matin, alors que nous quittions la table du petit-déjeuner, il m’a attrapée et m’a joué une scène digne des meilleurs films romantiques qu’Hugh Grant lui-même ne renierait pas.
J’ai eu droit à une déclaration parfaite, intégrant le mot « infiniment ».
Re-rire…
Comme il s’éloignait, très content de son effet, je n’ai pas pu m’empêcher de continuer à le taquiner:
– Et là, tu penses très fort: super, ça, c’est fait!
Il s’est retourné, horrifié:
– Mais pas du tout! Tu ne peux pas t’empêcher de dire n’importe quoi!
J’ai filé en riant après l’avoir couvert de papouilles pour me faire pardonner!
Mais je sais très bien qu’il en glousse silencieusement dès que j’ai le dos tourné…

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