Hier, je vous parlais de la sortie de mes deux derniers livres qui marquent un tournant dans la vie de ma petite maison d’édition.
On me demande souvent pourquoi je ne “profite pas de ma retraite”.
Mais qu’est-ce que cela signifie, « profiter de sa retraite »?
Cette fameuse retraite a toujours été pour moi une source d’interrogation, d’excitation modérée et d’appréhension, bien avant de l’atteindre.
Je me suis longtemps demandé ce que j’allais bien pouvoir en faire, si jamais j’arrivais jusque-là.
Tout ce temps disponible, alors que j’en avais eu si peu tout au long de ma vie, me paraissait assez vertigineux.
J’avais des envies, et je savais en particulier, que l’un de mes grands rêves était de continuer à écrire….
Mais sous quelle forme?
Au fil des années j’ai secrètement mûri en moi ce fameux projet de créer un jour ma propre maison d’édition, où je ne publierais que mes propres ouvrages.
Mon problème était que lorsque j’habitais en Suisse, je ne voyais pas du tout comment m’y prendre.
Cela restait un rêve inaccessible.
Je n’arrivais pas à me projeter dans l’avenir…
C’est le genre de situation inconfortable que je ne souhaite à personne, mais que nous avons à peu près tous vécu un jour!
J’ai laissé mon rêve dormir au fond de l’un des casiers de mon petit cerveau.
Une fois installée en France, j’ai dépoussiéré mon casier.
C’était maintenant ou jamais.
Au tout début de notre vie en Franche-Comté, j’ai eu très peur.
Outre le fait que je ne connaissais personne et qu’il fallait tout réapprendre, la retraite pointait son nez, et cette idée de tout arrêter me terrorisait.
Il me restait alors un peu plus de cinq ans avant d’y arriver.
L »idée que la retraite es le moment où l’on se repose… brrr… ce grand vide me faisait et me fait toujours frémir.
Pourtant, depuis que j’ai atteint l’âge fatidique, j’ai l’impression de travailler autant, sinon plus!
J’ai conservé une petite part de travail professionnel dans le journalisme, ce qui est essentiel pour mon équilibre, et je continuerai tant que l’on fera appel à moi.
Mais j’avais aussi anticipé en lançant ma maison d’édition plusieurs années avant que ne tombe le couperet de la fin de carrière.
Je suis arrivée en France fin août 2017, et elle n’a été effective que l’année dernière.
Avant d’arriver ici, j’ai cru pendant des années que je n’aurais jamais le temps, l’opportunité, les conditions, ni même le courage ou les connaissances nécessaires pour me lancer dans la création de cette petite entreprise.
Et pourtant, grâce aux facilités offertes ici pour entreprendre ce genre de projet, j’ai pu me lancer.
Le tout sous l’oeil parfois perplexe de mon Capitaine qui semble souvent se demander quel est ce spécimen bizarre qui partage sa vie.
Il ne met pas de gants lorsqu’il doute de mes actions, mais il est toujours là pour moi, et me laisse galoper en liberté.
Difficile d’ailleurs pour lui de faire autrement.
N’imaginez surtout pas que c’est facile… après tout, ce qui est trop simple peut vite devenir ennuyeux!
Mais n’hésitez pas si vous aussi, vous voulez vous risquer dans un projet apparemment un peu fou qui vous tient à coeur.
Je pense que nos rêves sont à portée de nos mains.
Il suffit d’en avoir vraiment envie et de se donner les moyens.
Je précise que “se donner les moyens” ne se limite pas à une phrase toute faite vide de sens.
Il faut apprendre.
Et pour apprendre, il faut s’accrocher.
J’ai commis des erreurs lors de mes premiers essais de publications, j’ai dû recommencer, encore et encore, et je sais que je peux encore mieux faire.
Il m’a fallu du temps pour maîtriser plusieurs compétences, souvent seule, parfois grâce à des formations en ligne.
Même si je peste souvent contre cette époque de violence et de dangers multiples que nous traversons, nous avons la chance inouïe d’avoir accès à toutes sortes de ressources.
Et cela ouvre la porte de bien des possibles…