Le téléphone

Au cours de ces deniers mois, le téléphone de mon bureau m’a joué des tours pendables qui ont sonné l’arrêt de notre relation.
Je vous explique.
Nous possédons un duo de téléphones fixes.
L’un est installé dans mon bureau et l’autre vers les pièces à vivre.
Au cours de ces derniers mois, j’ai eu plusieurs interviews à faire, à intervalles réguliers.
Et immanquablement, à chaque fois, alors que la conversation n’avait commencé que depuis quelques minutes, je m’apercevais que mon téléphone s’était arrêté et ne donnait plus signe de vie.
Je courais donc à toute vitesse chercher l’autre appareil, je rappelais mon interlocuteur ou mon interlocutrice et nous continuions l’interview là où nous l’avions laissée.
Nous avons tout essayé, changeant les piles rechargeables que nous pensions usées, les rechargeant alors que l’appareil était censé le faire… mais rien n’y faisait.
Je m’accommodais de plus en plus mal des caprices de la bête…
Jusqu’au jour où, la semaine dernière, alors que je commençais une conversation avec une personne qui m’est chère et qui se trouve en Belgique, mon téléphone a une fois de plus joué les filles de l’air.
Plus rien, plus aucun signe de vie.
Comme d’habitude, j’ai galopé pour aller chercher l’autre et nous avons poursuivi notre papotage là où nous l’avions laissé.
Le problème, c’est que cette fois, la coupe était pleine.
C’est beau la technologie… quand ça fonctionne.
J’étais encore sous le coup des interviews que j’avais faites quelques jours auparavant et qui, toutes, s’étaient soldées par le même problème.
J’ai donc pris une décision magistrale en commandant un autre duo de téléphones.
Ils sont arrivés jeudi.
Et il m’a fallu une bonne demi-heure d’heure pour les connecter, les mettre en fonction, y introduire un répertoire de numéros principaux, le dupliquer d’un téléphone à l’autre, et pouvoir enfin les tester avec succès.
Tout fonctionne, mais je reste méfiante.
Depuis jeudi, je le couve du regard avec une pointe d’angoisse: va-t-il tenir le coup?
J’aurais presque envie de lui murmurer des encouragements avant chaque appel, histoire de m’assurer qu’il ne joue pas les traîtres à nouveau.
Et je le surveille du coin de l’œil comme on surveillerait un enfant turbulent, prête à bondir à la moindre bêtise…
J’avoue que si, par malheur, il prend le relais de son prédécesseur, je réfléchirai sérieusement à commander des téléphones à manivelles!

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