Mon capitaine et moi avons une règle immuable: les chiens ne nous accompagnent pas au poulailler.
Pourquoi cette interdiction formelle?
Parce que nos trois bichons havanais, adorables mais légèrement subversifs, ont un talent certain pour ramener dans leur poil toute la flore saisonnière.
Surtout en cette période de l’année.
Elles reviennent du poulailler décorés de feuilles mortes, brindilles et autres trésors végétaux qu’elles s’empressent de semer généreusement dans la véranda.
Effet “forêt automnale” garanti.
Et puis, il y a un autre problème.
Quand elles ne sont plus sous surveillance, ces petites opportunistes ont la fâcheuse tendance à goûter tout ce qui traîne, avec des conséquences parfois digestivement désastreuses.
Pomme en sait quelque chose…
Après une occlusion intestinale qui s’est soldée par une opération, nous avons décidé de ne plus jamais tenter le diable.
Donc : pas de chiens au poulailler.
Jamais.
En théorie.
Dimanche matin, absorbée par mon travail, je jette un coup d’œil par la fenêtre et j’aperçois mon Capitaine sortant de la véranda, direction le poulailler. Jusque-là, tout va bien.
Mais derrière lui… Kali, suivie par Babou, alignées en colonne comme deux petits soldats, suivant le chef en mission secrète.
Tous trois avançaient d’un pas décidé, concentrés sur leur objectif, faisant fi de notre précieuse résolution.
Devais-je protester? Lancer un rappel solennel du règlement?
Peut-être…
Mais la scène était tellement drôle que j’ai préféré savourer l’instant.
Quelques minutes plus tard, ils revenaient, dans le même ordre.
Comment résister devant une opération si bien orchestrée?