Yves, c’est l’ami de mon capitaine.
Un de ces amis de longue date, fidèles, avec qui les liens ne s’usent pas malgré les années qui passent.
Depuis que nous vivons ici, il a vécu un changement de vie radical.
En ce moment, il est de passage en France, et il loge chez nous.
Ces derniers jours, nous avons parlé de ce qui a provoqué ce changement de vie assez incroyable.
Il m’a raconté que, depuis un moment déjà, il ne se sentait plus à sa place.
Il avait perdu plusieurs amis, n’était plus en couple, ses enfants étaient devenus adultes, et sa région ne l’inspirait plus.
Il n’avait plus vraiment de raison de rester.
Et puis un jour, alors qu’il feuilletait un magazine culinaire sans but précis, il est tombé sur une photo, celle d’un homard bleu, somptueusement préparé, dans un plat signé d’un chef marocain.
Le plat, la lumière, l’assiette, tout l’a interpellé.
La photo avait été prise dans une petite ville du Maroc, Essaouira.
Il n’a pas réfléchi longtemps.
Il a pris un billet aller-retour pour le Maroc pour aller déguster son homard.
Il a visité les villes traditionnellement touristiques, sillonné, observé, senti.
Puis il a fini par se rendre à Essaouira, dans ce restaurant où le fameux homard avait été cuisiné.
Il l’a commandé, il l’a dégusté… et en sortant, il s’est dit que c’était là qu’il voulait vivre.
Il a dû rentrer, billet retour oblige.
Mais il est revenu.
Encore, et encore, uniquement poussé hors des frontières en raison des limites de ses autorisations de séjour.
Jusqu’à ce qu’il ne reparte plus.
Aujourd’hui, Yves vit là-bas depuis plusieurs années.
Il y a trouvé un rythme, une lumière, une vie qui lui ressemblent.
Et chaque fois qu’il revient dans la région, il vient poser ses valises chez nous.
C’est toujours une joie de le retrouver, de l’écouter raconter ses escapades, de revoir ce regard tranquille et ce sourire qui en disent long sur son bonheur d’avoir trouvé son port d’attache…