J’ai déjà parlé de lui il y a quelques années…
Mitsouko est un parfum mythique de la maison Guerlain, lancé en 1919 par le célèbre parfumeur Jacques Guerlain.
Son nom signifie « mystère » en japonais, et il s’inspire d’un personnage féminin du roman La bataille de Claude Farrère, une histoire d’amour tragique entre une Japonaise et un officier occidental pendant la guerre russo-japonaise.
Dans le livre, dit-on, Mitsouko aime deux hommes à la fois, avec une intensité troublante.
Cette tension entre passion et fidélité, entre tradition et modernité, se retrouve au cœur même du parfum.
Mitsuko est un chypre, dans la plus pure tradition de la parfumerie française.
Il mêle la bergamote, la pêche, le jasmin, le muguet, la rose, le bois de santal, le vétiver, la mousse de chêne, la cannelle et l’épice du clou de girofle.
Mais il ne se laisse jamais apprivoiser facilement.
Il possède cette structure complexe, presque désarçonnante, qui exige de la patience et du recul.
Et c’est là que commence ma relation tumultueuse avec lui.
J’ai arrêté de l’utiliser pendant quelques années, et j’ai réessayé cette semaine.
Et le même scénario s’est dessiné…
Depuis toujours, je le déteste quand je le pose sur ma peau.
Le tout premier instant est pour moi une épreuve.
Une attaque, presque râpeuse, comme si Mitsuko me repoussait.
Ses notes de tête sont impérieuses, austères, il y a quelque chose de froid, d’un peu médicinal, presque agressif.
Et pourtant… je commence à l’aimer quand il s’est posé.
Quand le temps a fait son œuvre, que les molécules les plus vives se sont évaporées, Mitsuko s’adoucit, se dévoile, devient légèrement velouté.
C’est là que naît sa magie.
Il ne ressemble plus à aucun autre.
Il devient présence, trace, mémoire. Il est toujours là, un peu à l’arrière-plan, enveloppant mais discret, profond.
Il est de ces parfums qui divisent, qui rebutent parfois, mais qui obsèdent souvent.
Un parfum qu’il faut apprendre à apprivoiser.
Et peut-être est-ce ce qui m’intéresse en lui: il me résiste.
