Un Vinted particulier…

Samedi matin, à la table du petit déj’, nous parlions de Vinted.
J’expliquais que cela fait maintenant un an que je me prête au jeu de revendre des vêtements que je ne porte plus sur cette platre-forme, et que, ma foi, cela marche plutôt bien.
Alors que l’on me posait des questions sur la manière de s’y prendre, je racontais qu’il faut bien présenter l’article: des photos nettes, une description complète, et tous les petits détails qui peuvent faire la différence.
C’est là que mon fils a rebondi, en proposant une autre approche, un peu moins classique.
Il a imaginé une annonce dans laquelle ce n’est plus moi qui parle, mais le vêtement lui-même.
Une sorte de monologue textile.
Et dans sa version à lui, cela donnait à peu près ceci:
Bonjour, je suis un t-shirt.
Mon grand-père a travaillé dans les champs de coton, ma maman travaille dans une usine pakistanaise.
Elle est royalement payée entre 65 et 80 euros par mois et travaille 10 heures par jour.
J’ai vu des cartons, des portants, une cabine d’essayage un peu froide, et puis un placard, et maintenant je suis ici.

Une approche qui nous a fait rire tout en piquant plus qu’un peu.
Le petit déjeuner a pris des allures de stand-up, et l’idée a fait son chemin.
Qui sait, peut-être que la prochaine annonce Vinted que je rédigerai commencera par un
Bonjour, je suis un pantalon léger.
J’ai été cousu il y a six ans dans un petit atelier de coton bio, quelque part entre un champ et une playlist de jazz éthiopien.
Ma soeur est une chemise à rayures et mon frère un pantalon de yoga: je suis donc naturellement à l’aise en toutes circonstances.
Je suis passé par deux étagères, une valise, un été en Grèce et trois tentatives de rangement.
J’ai vu du pays, j’ai été plié avec soin, froissé avec nonchalance, porté deux fois et oublié souvent.
J’attends désormais une nouvelle vie, si possible avec quelqu’un qui ne me laissera pas au fond d’un tiroir à côté d’un t-shirt en promo.
Merci de me considérer.