Prof destructrice… et chanson salvatrice

Quand j’étais adolescente, vers quinze ans, j’avais une professeure d’anglais que je n’ai jamais pu supporter.
Durant toutes mes années d’études, il n’y a que deux enseignantes que je n’ai pas aimées.
Elle était l’une d’elles.
J’en ai déjà parlé ici.
Elle était snob, méprisante, méchante avec celles qu’elle n’aimait pas, et malheureusement, j’étais de celles-là.
Elle me détestait ouvertement, et l’antipathie était parfaitement réciproque.
J’aimais pourtant l’anglais, mais avec elle, c’était impossible… tout était verrouillé.
Je n’avais même pas besoin d’ouvrir la bouche pour récolter une mauvaise note. J’étais enfermée dans cette relation toxique, et apprendre dans ces conditions n’avait plus aucun sens.
Un jour pourtant, elle a proposé un exercice inhabituel.
Il s’agissait d’apprendre une chanson en anglais, puis de la chanter devant la classe. Elle nous noterait uniquement sur l’accent.
Pour moi, c’était une épreuve terrible.
Me retrouver là, exposée devant elle, sous son regard, c’était déjà suffisant pour me donner mal au ventre.
Et en plus, je savais que mon accent était mauvais.
J’ai longuement réfléchi à la manière dont je pourrais affronter ce moment sans être broyée.
Finalement, j’ai pris ma guitare.
Et le jour venu, j’ai chanté la chanson en m’accompagnant.
Et, à ma grande surprise, toute la classe a réagi avec une chaleur incroyable.
Il y a eu des applaudissements, des sourires, des exclamations.
Et elle… n’a pas pu faire autrement que de reconnaître que c’était un bon travail.
Je crois bien que c’est l’une des meilleures notes que j’aie jamais eues en anglais. Cette chanson, je ne l’ai jamais oubliée.
Du moins, j’en ai gardé un bout dans la tête, une phrase en particulier: « Tomorrow at the station, you are going to see 200 city gens all exactly like me. »
Mais le titre, l’auteur, la mélodie complète, tout s’était effacé.
J’avais cherché à la retrouver, sans succès.
Et puis il y a quelques jours, mon fils est venu passer le week-end avec nous, avec le petit.
Je lui ai parlé de cette chanson, de ce souvenir, de cette phrase qui me restait, comme un bout de mémoire accroché dans un coin de mon cerveau.
Il a écouté, réfléchi, tapé quelques mots sur son téléphone, et en un temps record, il m’a retrouvée la chanson alors que je l’avais cherchée en vain!
Elle existait bel et bien et était utilisée à l’époque dans l’apprentissage de l’anglais.
Grâce à lui, je l’ai réentendue, entière.
C’était elle, exactement comme dans ma mémoire.
Elle m’avait accompagnée dans un moment compliqué, à une époque où j’avais bien peu de confiance en moi.
Moralité: mon fils est un as!
Quant à la chanson, elle s’appelle « Going to », et était chantée par le groupe
The Solid British Hat Band.

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