Bulle…

Je savais, depuis le tout début, lorsque nous avons accueilli nos petites poules d’ornement, qu’elles ne vivraient pas très longtemps.
Cela fait partie de ce choix que l’on fait en toute conscience, mais que le cœur, lui, refuse toujours d’accepter.
Chaque départ a été un crève-cœur, un petit vide qui s’installe, une absence.
Ces derniers mois, elles étaient encore quatre à partager notre quotidien.
Il y avait Bulle, la cheffe du clan, une jolie poule Pékin douce et très proche de nous, qui était avec nous depuis le tout début, il y a sept ans.
Cannelle, notre poule de Padoue familière, curieuse, et toujours prête à venir vers nous.
Lune, élégante Hollandaise au port fier, un peu plus discrète, mais pleine de grâce.
Et Pupuce, la petite rescapée d’un autre poulailler, qui s’est apprivoisée au fil du temps.
Hier, comme chaque soir, mon Capitaine est allé fermer la porte du poulailler après leur rentrée.
Ne le voyant pas revenir, je suis allée à sa rencontre.
Il m’a alors annoncé que Bulle n’était pas rentrée.
Pour elle, qui était toujours la première à se mettre à l’abri, c’était plus qu’inhabituel.
C’était inquiétant.
Nous l’avons cherchée…
Très vite, mon Capitaine a compris ce que je refusais encore de penser: elle ne reviendrait pas.
Nous avons refermé la porte du poulailler, mais laissé ouverte celle de la dépendance, au cas où elle y trouverait refuge dans la nuit.
Le lendemain matin, elle n’était toujours pas là.
Mon Capitaine en est persuadé: notre petite Bulle est allée mourir dans un coin du jardin.
Un endroit discret, inaccessible.
Il a fouillé, encore et encore.
Mais notre jardin est grand, boisé, plein de végétation dense et de cachettes naturelles au sein même de l’enclos.
Peut-être a-t-elle a trouvé un recoin paisible.
Ce que nous savons, c’est que c’est une tristesse.
Perdre Bulle, c’est perdre un repère.
C’est dire au revoir à un être minuscule mais qui faisait partie de notre histoire.