L’anniversaire de Pomme

Vendredi, c’était l’anniversaire de Pomme.
Même si elle nous a quittés en juin, elle est toujours très présente…
J’ai donc demandé à mon Capitaine si, au retour d’un rendez-vous, nous pourrions faire un crochet pour que j’aille acheter des fleurs.
Il m’a emmenée chez un horticulteur de sa connaissance, où nous choisissons souvent des plantes pour le jardin, au printemps.
Là, une quinzaine de jours après la Toussaint, les tables où sont installées les fleurs proposées à la vente étaient vides.
Il ne restait que trois pots de petites chrysanthèmes: des jaunes, des blanches et des bordeaux.
J’ai choisi la chrysanthèmes des jardins, la Citronella, d’un jaune éclatant…
Pomme avait une personnalité tellement joyeuse et lumineuse que j’ai trouvé que cela lui correspondait…
Comme mon interlocuteur était un peu étonné de me voir rechercher des chrysanthèmes aussi tard, je lui ai dit:
– Vous allez peut-être me trouver un peu bête, mais c’est pour ma petite chienne qui nous a quittés en juin. C’est son anniversaire, aujourd’hui…
Il m’a regardée, et j’ai vu qu’il comprenait:
– Non, je ne trouve pas ça bête… Je sais ce que c’est très difficile…
J’ai alors réalisé que, les dernières fois où j’étais venue, un beau chien accueillait les clients et avait l’air d’être heureux de vivre sa vie d’une serre à l’autre, suivant les maîtres des lieux et explorant chaque recoin.
– … vous aussi?
– Oui. Alors, vous voyez, je vous comprends bien…

Dans le jardin, j’ai été déposer mes chrysanthèmes sur la petite tombe de Pomme que j’ai débarrassée des feuilles mortes tout en lui parlant.
Lui offrir des fleurs et un endroit bien entretenu est la dernière chose que je peux encore faire pour elle… et j’en ai besoin.
Pendant ce temps, mon Capitaine était rentré et avait lâché Kali et Babou qui m’ont rejointes ventres à terre.
Elles savent que quand je suis à cet endroit précis, il ne faut pas faire de bêtises.
Je ne dirais pas qu’elles réalisent que c’est là que repose Pomme… mais j’ai l’impression qu’elles sentent que c’est un lieu spécial pour moi.
Elles étaient là, à côté de moi, étonnamment sages.
Kali, très calme, observait chacun de mes gestes, et Babou fixait sur moi ses petites yeux qui ressemblent à des billes pétillantes de malice.
Elles étaient très attentives… jusqu’à ce que je donne le signal du retour à la maison.
Là, elles ont filé comme des fusées.
La vie continue…