Le Lutin Bazar

Quand je regarde l’état de mon bureau, en m’y installant le matin, il m’arrive de me dire que le désordre qui règne sur mon espace de travail ne peut pas venir de moi.
Il doit y avoir un lutin désordonné (et je suis polie dans le terme!) qui, la nuit, y sème la pagaille en mon absence.
Je l’appelle le Lutin Bazar.
Puis je me reprends et je regarde la réalité en face: je retombe facilement dans les mêmes pièges.
Dès que je suis dans mes périodes d’écriture intensive – c’est-à-dire à peu près tout le temps! – ledit bazar réapparaît.
Cette semaine, j’ai fait le guet.
Je me suis dit qu’il n’était pas possible que ces feuilles, ces cahiers, ces documents et ces magazines apparaissent tout seuls sur mon bureau, quoi que j’en dise.
Je me suis concentrée sur chacun de mes gestes, pendant quatre jours.
Et j’ai tout noté…
– Premier jour: après avoir presque terminé un long chapitre de mon prochain livre, mon cerveau me demande une trêve… que j’accepte. D’accord, j’arrête l’écriture, mais je ne veux pas chômer. Je vais mettre ce temps à profit pour corriger chacun des chapitres précédents et pour les disposer dans la maquette finale. Donc, je repousse sur le bout de mon bureau mon inséparable « cahier des Délires », toujours ouvert sur la bonne page, et je me penche sur mon écran pour une correction minutieuse des éventuelles fautes, coquilles et autres doublons. Mais un mail m’arrive avec un message urgent: la commande d’un article de la Rédaction. C’est toujours une priorité. Je sors mon grand cahier à spirale destiné aux interviews, j’y note les coordonnées de mes futurs interlocuteurs et j’envoie les mails pour les demandes de rendez-vous… En quittant mon bureau, je réalise que le facteur m’a apporté l’hebdomadaire auquel je suis abonnée. Pas le temps de le lire tout de suite: je le pose… sur mon imprimante, avec quelques autres qui attendent mon attention.
– Deuxième jour: je commence mes interviews qui vont s’étaler sur trois jours. Le cahier à spirales se remplit. J’ai à peine fini que je reçois un message de commande de livres. Je vais les chercher, un colis est réalisé avec soin par mon Capitaine… puis est posé sur l’autre bout de mon bureau en attendant son départ. Je me remets au clavier: mon article m’attend.
– Troisième jour: deuxième interview. Le carnet à spirale chauffe! Une fois terminée, je lis mes mails et j’y trouve deux messages me demandant si je serais d’accord d’aborder deux sujets particulier pour ma chaîne YouTube. Je sors une feuille de brouillon et je rajoute ces idées à la liste déjà existante. Encore un papier de plus… Il a été rejoint par mon carnet de notes dans lequel je griffonne tout ce que je ne dois pas oublier et les idées qui me viennent entre deux.
– Quatrième jours: troisième interview. Les pages du cahier à spirales continuent à se noircir. Deux autres magazines sont venus rejoindre les autres sur l’imprimante… et trois feuilles de papier volantes supplémentaires attendent d’être classées. Mes carnets attendent mon retour.

Il faut bien l’avouer, mon bureau ressemble à un champ de bataille.
Et je n’ai pas eu besoin de la visite du Lutin Bazar pour cela.

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