Journée pic pic et grand âge

« On croirait que tout va toujours bien pour vous, depuis quelques années ».
Je suis honorée que l’on puisse le croire!
Je dois pourtant décevoir la personne qui m’a écrit cette petite phrase au coeur d’un message plus long: la vie n’oublie pas de me taquiner de temps en temps, comme tout le monde.
Cette semaine, par exemple, était celle qui me ramenait à ma réalité d’humain flageolant.
Comme toute personne qui a traversé une période de tempête sur le plan de sa santé, je me rends régulièrement chez deux médecins spécialistes qui vérifient que de nouvelles hostilités n’ont pas été déclenchées.
Avant de rendre visite à l’un de ces deux super docteurs, je dois passer par deux jours d’analyses qui se terminent toujours par une prise de sang.
Ce qui, vu la manière dont mes parents m’ont construite, n’est jamais une partie de plaisir, ni pour les « piqueuses » ni pour moi.
Cette fois, ce fut épique et un peu trop coloré à mon goût.
A tel point que je me suis demandé si l’album « Martine chez les Vampires » existait déjà…
Dès mon entrée dans le  labo, rien ne s’est passé comme d’habitude.
Mais comme je ne conçois pas l’existence sans la présence protectrice  de l’autodérision, tout a au moins eu le mérite de se dérouler dans la bonne humeur… voire même les rires.
A un moment, la personne qui se trouvait au bureau et qui se penchait sur mes données s’est écriée:
– Ca alors! Je ne vous aurais jamais donné votre âge!
J’ai susurré: « Ah? Vous me pensiez plus âgée? »
– Mais non! Beaucoup plus jeune!

C’est la deuxième fois que  l’on me fait ce genre de déclaration en une semaine.
Vous allez dire que je devrais être ravie.
Voui, voui…
Quoi que.
J’aurai 56 ans ce printemps… et, bizarrement peut-être, mon âge ne me pose pas problème.
Sans doute parce que je suis bien accompagnée et que je ne suis pas encore assez décrépie pour ne pas profiter de mes enfants, de mes petits-enfants, de mon travail, de la vie…
Même si cela part d’une bonne intention, le fameux « vous faites beaucoup plus jeune! » sous-entend que vous avez atteint un âge canonique!
Ca m’a amusée.
Mais bon, il était temps de retourner travailler.
En quittant le labo après un long, très, très long moment, j’ai jeté un coup d’oeil autour de moi.
J’avais l’impression réjouissante d’être un monument historique.
Comme si c’est en parlant de moi que Napoléon aurait pu dire:
« Du haut de cette pyramide, 40 siècles vous contemplent… »

Martine Bernier

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