Centralia, ville devenue fantôme

Elle porte un nom de science fiction: Centralia.
Cette ville de Pennsylvanie, située dans le comté de Columbia, a une histoire peu commune.
A l’origine, la terre sur laquelle elle a été bâtie appartenait à des tribus amérindiennes qui l’ont vendue à des agents coloniaux en 1749 pour la somme de 500 livres.
Passée de main en main, cette terre a été examinée sous toutes ses coutures pour enfin révéler son secret: elle contenait des gisements de charbon anthracite.
Dès que la Locust Mountain Coal and Iron Company l’a rachetée, l’exploration minière a débuté, et la ville a commencé à voir le jour.
Dans les années 1860, il ne faisait pas bon y vivre.
Plusieurs meurtres  perpétrés par les « Molly Maguires », membres d’une société secrète irlandaises, y ont eu lieu, à commencer par celui du fondateur de la ville, Alexander Rae.
La violence régnait, et plusieurs incendies sont venus aggraver la situation.
La légende raconte que l’un des habitants de Centralia, le prêtre catholique Daniel Ignatius McDermott,  a maudit la terre en représailles pour avoir été agressé lui aussi en 1869.
Il aurait dit alors qu’il arriverait un jour où l’église catholique romaine Ignatius serait le seul bâtiment à rester dans la ville.
En 1890, Centralia atteint sa population maximale et compte 2761 personnes
On y compte alors sept églises, cinq hôtels, vingt-sept salons, deux théâtres, un bureau de poste et 14 magasins d’alimentation.
L’industrie du charbon est à son apogée…
Elle continuera, avec des hauts et des bas, jusqu’en 1962, année de l’accident.
Cette année-là, cinq personnes sont engagées pour nettoyer la décharge de la ville, située dans une mine abandonnée proche du cimetière.
Le 27 mai, comme ils l’ont fait par le passé, les pompiers mettent le feu et le laissent brûler.
Mais cette fois, le feu ne s’éteint pas complètement.
Une ouverture non scellée dans la fosse permet à l’incendie de se propager dans le labyrinthe des mines abandonnées sous Centralia.
En 1979, la population réalise le danger lorsque le maire, propriétaire d’une station de gaz, découvre que la température de l’essence dans l’un de ses réservoirs est de 77,8° C.
Deux ans plus tard, un enfant de 12 ans tombe dans un puits qui s’est soudainement ouvert sous ses pieds, ne devant sa survie qu’à son cousin qui arrivera à l’en extirper de justesse.
Sous le sol, l’incendie a pris de l’ampleur.
Même si les habitants de Centralia sont très divisés sur le sujet, il faut partir, et la plupart acceptent les offres de rachat de leurs maisons, pour partir s’installer ailleurs.
Sur ordre des autorités, Centralia devient une ville condamnée et abandonnée.
Peu de maisons y sont restées debout, la plupart des bâtiments ont été démolis, jusqu’en 2007.
Mais il reste quelques habitants bien décidés à se battre pour rester: ils étaient encore 10 en 2010.
Un long combat légal leur a permis d’obtenir des dommages et intérêts et le droit de rester chez eux pour le reste de leur vie.

Quant à l’incendie… il brûle toujours et ne devrait pas s’éteindre, dit-on, avant 250 ans.

Martine Bernier

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