Le 11 avril 1977, Jacques Prévert s’éteignait à Omonville-la-Petite, dans la Manche.
Il y a 40 ans déjà…
Sa poésie qui parlait si finement en vers libres de la « vraie vie », a fait chavirer le grand public dès la sortie de son fameux recueil Paroles, en 1946.
Ce matin, j’ai envie de lui rendre hommage à travers un texte poétique qui n’est pas celui que l’on croise le plus souvent…
M.B.
Osiris ou la fuit en Egypte
C’est la guerre c’est l’été
Déjà l’été encore la guerre
Et la ville isolée désolée
Sourit sourit encore
Sourit sourit quand même
De son doux regard d’été
Sourit doucement à ceux qui s’aiment
C’est la guerre c’est l’été
Un homme avec une femme
Marchent dans un musée désert
Ce musée c’est le Louvre
Cette ville c’est Paris
Et la fraicheur du monde
Est là tout endormie
Un gardien se réveille en entendant les pas
Appuie sur un bouton et retombe dans son rêve
Cependant qu’apparaît dans sa niche de pierre
La merveille de l’Égypte debout dans sa lumière
La statue d’Osiris vivante dans le bois mort
Vivante à faire mourir une nouvelle fois de plus
Toutes les idoles mortes des églises de Paris
Et les amants s’embrassent
Osiris les marie
Et puis rentre dans l’ombre
De sa vivante nuit.
Textes poétiques
Jacques Prévert