Dimanche soir.
Je viens à peine de rentrer Pomme après sa dernière sortie de la journée, et nous regagnons le salon où nous allons passer la soirée en tête-à-tête.
Je suis installée dans le canapé lorsque je vois arriver mon Mogwaï en courant, depuis la cuisine où elle vient de boire.
Comme à son habitude quand elle est de bonne humeur, elle prend un élan digne des athlètes olympiques et atterrit dans son « panier du salon ».
La petite couverture qui recouvre habituellement le panier en question étant absente, elle s’attaque au coussin en le grattant consciencieusement dans un but très flou…
Réminiscence d’une époque où ses ancêtres devaient tasser les roseaux et les herbes pour se créer un nid pour y dormir, m’a un jour expliqué une spécialiste du comportement canin.
J’ai un peu tendance à oublier que ma terrifiante bichonne havanaise descend du loup!
Son petit manège durait depuis deux ou trois minutes lorsque je l’ai vue faire un bond et sauter hors du panier.
Visiblement, quelque chose l’effrayait.
Elle se rapprochait doucement de quelque chose de mystérieux que je ne distinguais pas, et reculait illico.
Elle se retournait vers moi à chaque tentative, comme pour me prendre à témoin.
J’ai fini par aller voir ce qui se passait… lui précisant au passage que si par malheur une araignée squattait son panier, je fuirais plus vite qu’elle!
Il ne s’agissait pas d’un insecte quelconque.
Au bout de la fermeture éclair installée tout autour du coussin se trouvait un brin de laine bleu clair.
J’ai voulu en avoir le coeur net et je le lui ai montré… déclenchant un recul doublé d’un jappement méfiant.
– Mais… regarde… ce n’est rien du tout: c’est un petit bout de fil!
Pomme n’est pas un chien peureux.
Elle me fait même parfois penser à David contre Goliath quand elle fonce me défendre contre les faux assauts de mon géant de Capitaine.
Mais là… j’ai eu beau faire, il était hors de question pour elle de réinvestir son panier ni même d’approcher l’intrus.
Aux grands maux les grands remèdes: j’ai pris une paire de ciseaux et j’ai coupé le fil que je lui ai ensuite montré.
Elle s’est approchée prudemment… mais pas jusqu’à pouvoir le renifler.
On ne sait jamais!
J’ai déposé le brin de laine au milieu du coussin, histoire de voir comment elle allait réagir.
Même scénario: un regard de reproche en ma direction, et un aboiement aigu pour me faire comprendre qu’il était hors de question qu’elle prenne un colocataire aussi antipathique.
J’ai donc pris l’intrus en lui montrant bien ce que je faisais:
– Bon: nous allons dans la cuisine. Je vais le jeter dans la poubelle.
Elle m’a suivie, surveillant le moindre de mes gestes.
Lorsque j’ai refermé la porte du placard contenant la poubelle, elle a été jusqu’à se dresser sur ses pattes arrière contre moi pour vérifier mes mains.
Rassurée, elle m’a ensuite précédée au salon, trottinant fièrement, tête bien droite, jusqu’à son panier où elle a procédé à une longue séance d’inspection.
Sa couche a été reniflée, vérifiée, le coussin a été retourné… bref, tout a été contrôlé avec une minutie parfaite.
Le résultat de ses investigations semblant la satisfaire, elle s’est couchée… dans le canapé.
Ne cherchez pas à comprendre…
Martine Bernier