C’est la troisième fois que Pomme et moi allons passer quelques jours chez Celui qui m’accompagne, à 2h30 de notre nid.
Cette fois, comme nous étions quatre à reprendre la route en même temps, dont deux nous quittaient en chemin pour rejoindre une autre destination, le départ a été un peu mouvementé.
Fatiguée, ma demoiselle Mogwaï s’est couchée dans son panier le plus confortable, installé à l’arrière de la voiture, et a profité du voyage en regardant passer les arbres et les maisons.
Le retour dans l’appartement qu’elle ne connaît pas très bien est toujours source de sentiments mitigés pour elle.
Tant que Celui qui m’accompagne y est, elle vâque à ses occupations sans trop s’éloigner de nous.
Dès qu’il quitte l’appartement, elle ne me quitte plus d’une semelle, ne joue plus, reste collée à moi quoi que je fasse.
Elle a surtout une ennemie jurée: la machine à laver.
En Suisse, comme la buanderie est au sous-sol, je n’y reste pas suffisamment longtemps pour qu’elle en ait peur.
Elle aime s’asseoir devant la vitre et regarder tourner le linge jusqu’à ce que je lui demande de remonter avec moi.
Ce matin donc, elle s’est installée devant la machine et a regardé pendant que je travaillais.
Elle est resté ainsi longtemps… longtemps….
Jusqu’à ce que la maudite se mette en mode essorage.
Un bichon havanais, Pomme en particulier, est un petit chien courageux.
Il n’a pour ainsi dire peur de rien s’il a bien été sociabilisé, ce qui est son cas.
Mais là, entendre la bête blanche hausser le ton ne lui a absolument pas plu.
Dans un premier temps, elle a filé comme un lapin, venant me chercher pour que j’aille constater la situation.
Je l’ai rassurée, lui ai montré qu’elle n’avait rien à craindre et suis repartie dans la pièce d’à-côté.
Pomme m’a suivie, s’est installée à côté de moi, louchant vers la porte et allant de temps en temps passer sa tête par l’entrebaîllement pour voir si tout se passait bien.
Décidément curieuse, elle a fini par retourner s’asseoir devant l’aquarium tournant pour continuer à profiter du spectacle.
Et… ce qui devait arriver est arrivé: l’essorage a recommencé.
Cette fois, la réaction de mon Mogwaï a été différente.
Elle a jappé, puis aboyé copieusement.
Je suis allée la rejoindre et je l’ai découverte bien campée sur ses pattes, haranguant la machine.
Le programme s’est arrêté pour passer à un mode plus doux.
Persuadée d’avoir eu le dernier mot et d’avoir fait taire le monstre, Pomme a poussé un dernier japement menaçant, m’a regardée fièrement, est passée devant moi et a quitté la pièce.
Ce chien est un cas.
J’aurais dû la photographier…
Sainte Pomme terrassant le dragon.
Martine Bernier