Je ne conçois pas d’aimer un tableau ou une oeuvre d’art sans apprendre son histoire, ses secrets.
Au musée d’Orsay, mon complice est tombé en arrêt devant une toile de Van Gogh que j’aime beaucoup, moi aussi: « La Sieste ».
Comme je n’avais pas envie de le saouler et que je préférais le laisser à cette première impression un peu magique que nous connaissons lorsque nous tombons en amour pour une toile, je n’ai rien dit.
Mais l’histoire de ce tableau est spéciale.
Van Gogh admirait Millet, qui ouvrait pour lui des perspectives lointaines.
Raison pour laquelle il copia pendant toute sa vie les oeuvres de son prédécesseur.
Pour se donner une idée, voici la toile peinte par Millet, sur le même thème…
Mieux encore: pour peindre sa « Sieste », Van Gogh a pris pour modèle cette autre sieste sur bois gravé de Jacques Adrien Lavieille
Les couleurs somptueuses de l’oeuvre de Van Gogh éclaboussent de lumière la salle du Musée.
Autres merveilles exposées dans cette salle: des toiles peintes lors des derniers mois qu’il a passés à Auvers-sur-Oise.
J’ai toujours été frappée par les tableaux de cette période, différents des autres, réalisés de manière très énergique.
Quand il a peint l’église du village, où le bâtiment paraît presque violacé contre un ciel bleu d’outremer, Van Gogh s’est déclaré satisfait de ses couleurs.
Sa peinture était magnifique, riche, généreuse. Mais il est pauvre, inconnu du public, tourmenté et malheureux.
Même le docteur Gachet, qui le prendra sous sa protection et s’occupera de lui, n’arrivera pas à lui rendre le goût de vivre.
Le 27 juillet 1890, Vincent van Gogh se tire une balle dans la poitrine, dans un champ où il peignait une ultime toile.
Il mourra deux jours plus tard.
Ce n’est qu’après sa mort que, ironie du sort, son travail est devenu connu, aimé, puis adoré du public.
Il a rejoint la cohorte des peintres mal aimés de leur vivant, adulés dans la mort, dont la vie n’a été que douleur, misère et doute.
Martine Bernier