La journée touchait à sa fin.
Je procédais au « retour à la maison » des poules tandis que Pomme folâtrait dans le jardin.
Le soleil terminait sa course et n’allait pas tarder à se coucher…
Six de mes sept protégées étaient déjà installées, mais l’une d’elles manquait à l’appel.
Plume était toujours dans le jardin, à deux mètres de l’enclos, et batifolait, l’air de ne pas y toucher.
– Bon, Plume, dis! Tu viens? Tout le monde est déjà rentré!
Elle s’est arrêtée, me regardant bien en face, et commençant à me tenir un long discours dont j’aurais adoré comprendre le sens…
Sa démonstration d’oratrice s’éternisait lorsque Pomme, qui se rapprochait de moi en reniflant tout ce qui lui tombait à portée de truffe, a eu une réaction à laquelle je ne m’attendais absolument pas.
En une fraction de seconde, elle s’est trouvée à hauteur de Plume qui n’en a pas peur et qui continuait son discours.
Mais au lieu de la renifler comme elle en a l’habitude, elle s’est dressée sur ses pattes arrière, et, en se laissant retomber, a frappé le sol de ses deux pattes avant, juste devant ma poulette effarée qui a détalé à toute vitesse en direction du poulailler.
En deux bonds elle était perchée au milieu de ses copines à qui elle a expliqué avec véhémence la frayeur qu’elle venait de vivre.
Il ne me restait plus qu’à fermer la porte après leur avoir souhaité bonne nuit.
Mon Mogwaï continuait sa balade comme si de rien n’était.
Elle ne l’avait pas touchée, mais avait eu ce geste qui ressemblait curieusement à celui de quelqu’un tapant du poing sur la table pour signifier que, cette fois, c’en est trop.
Jamais elle n’avait agi de la sorte par le passé.
Ahurie, je l’ai regardée:
– Enfin, Pomme… qu’est-ce que tu m’as fait, là?!
Elle a arrêté sa promenade, m’a regardée, une patte en l’air, a jeté un oeil en direction du poulailler et est rentrée tranquillement sous la véranda.
Elle avait accompli sa mission de « chien de berger ».
Ou chien de poules, à choix.
Martine Péters