Je connais certaines de ses oeuvres, les grandes lignes de sa vie, mais j’avais envie de rafraîchir ce que je savais du peintre Gustave Courbet lorsque j’avais visité le très beau musée qui lui est consacré à Ornans.
Le moment était venu de me rafraîchir la mémoire.
J’ai fait part de mon souhait à mon Capitaine qui, apparemment ravi de voir que je m’intéressais au peintre le plus célèbre de Franche-Comté, m’a offert deux livres sur le sujet.
De Courbet, j’aime sa personnalité fière et rebelle, et les oeuvres éloignées des sentiers battus.
Au cours de mon étude, j’ai relu une histoire que les spécialistes connaissent depuis longtemps.
Courbet était très attaché à cet autoportrait appelé L’Homme blessé, au point de ne jamais avoir accepté de le vendre.
Il l’a emmené avec lui lors de son exil en Suisse, le gardant auprès de lui.
Ce n’est qu’en 1973 que la raison de l’attachement particulier de l’artiste pour cette toile a été comprise.
Cette année-là, des experts l’ont soumise à une analyse radiographique qui a révélé deux compositions plus anciennes sous le dessin visible.
Courbet avait l’habitude de réutiliser plusieurs fois une même toile, le fait n’était pas étonnant en soi.
La première composition représentant un portrait de femme.
Mais c’est la deuxième ( voir ci-contre ) qui a révélé le secret du tableau.
On y voit l’esquisse de ce qui sera utilisée vers 1844 pour réaliser la très belle « Sieste champêtre ».
Courbet, imberbe, y est représenté se reposant au pied d’un arbre en enlaçant une jeune femme identifiée comme étant Virginie Binet, qui fut, selon les biographes du peintre, le grand amour de sa vie.
Ils vivront dix ans ensemble et auront une fille.
En 1854, Virginie le quitte, et Gustave reprend sa toile.
Il repeint sur la composition initiale, ajoute une barbe romantique au personnage masculin, l’enveloppe dans une grande cape, lui ajoute une dague, ajuste sur son visage une expression de souffrance et de vulnérabilité… et fait disparaître le personnage féminin.
L’Homme blessé est né, il gardera le tableau auprès de lui jusqu’à sa mort en 1877.
Pour moi, cette toile est l’une des plus intimes et des plus émouvantes du peintre franc-comtois…