Le téléphone est un outil pratique qui, parfois, peut se transformer en objet de cauchemar.
Je m’explique.
En arrivant en France, j’ai acquis un iPhone doté, évidemment, d’un numéro français.
Au bout de deux ans, j’ai commencé à recevoir des appels provenant d’un cabinet de notaire m’intimant à prendre contact avec lui au sujet de « ma dette ».
N’ayant aucune dette à mon actif, j’ai d’abord cru à une farce, puis j’ai fini par décrocher et à demander une explication.
C’est ainsi que Monsieur X est entré dans ma vie…
J’ai découvert qu’un homme que je ne connais ni d’Eve ni d’Adam, était endetté à raison de plusieurs milliers d’euros, et qu’il avait donné ce numéro pour pouvoir être joint.
Selon les notaires, il a dû résilier sa ligne, dont le numéro a été réattribué… à ma petite personne.
Autant dire que, ce jour-là, je n’ai pas gagné le gros lot.
Mes interlocuteurs ont pris note de l’information, ont rayé mon numéro de leurs dossiers, et la vie a continué.
Je me croyais débarrassée de cette histoire même si, assez souvent, des appels m’arrivaient demandant à parler à Monsieur X.
Quelques mois plus tard, le même scénario se répète: une société de recouvrement de dettes tente de me joindre à de nombreuses reprises.
Là encore, je finis par répondre et, ô surprise, devinez qui mon interlocuteur s’attendait à avoir au bout du « sans fil »?
Monsieur X, évidemment, devenu un fantôme.
Je me fends d’une nouvelle explication, et, se confondant en excuses, la personne chargée du dossier me promet qu’elle efface immédiatement mon numéro du dossier.
Un an environ se passe.
Et je commence à recevoir, en ce mois de juillet, des SMS d’une société appelée Link Financial, me disant qu’ils ont repris en gestion “mon” dossier.
Lassée, je fais la sourde oreille, et je vois arriver coup sur coup deux autres messages, toujours par SMS, martelant que « mon » crédit de 7406 euros est impayé, qu’un jugement sur cette dette est en leur possession et que le dossier va être transféré à un huissier.
Cette fois, j’ai été agacée.
Ce vendredi, après avoir effectué quelques recherches sur cette société, j’ai empoigné mon téléphone dont le seul tort est d’avoir un numéro suspect, et j’ai été mise en ligne avec un « conseiller ».
Pauvre conseiller…
Je lui ai réexpliqué l’histoire qu’il a comprise très vite, et je lui ai exprimé poliment, mais très clairement, ce que je pensais de leurs méthodes.
Comme d’habitude, il m’a assurée que mon numéro allait être rayé du dossier, ce qui m’a fait réagir à la seconde:
– Ça, c’est ce que vous me dites, mais je ne crois pas que ce soit vrai. Vous allez faire comme les précédents. Dès que votre société va réaliser que ce numéro est le seul élément qu’elle a pour mettre la main sur Monsieur X, elle va se débarrasser du dossier qui sera cédé à une autre entreprise de recouvrement de dettes, et la mention de mon numéro s’y trouvera à nouveau.
– Oh, mais non, Madame, pourquoi dites-vous cela?
– Parce que les deux autres sociétés qui ont pris contact avec moi avant vous pour la même raison m’ont fait la même promesse que vous et que je suis à chaque fois recontactée quelques mois plus tard. Si vous aviez d’autres moyens de retrouver cette personne, cette affaire serait réglée depuis longtemps. Je pense que si, chez vous, la personne qui a accepté ce dossier n’y avait pas au moins trouvé un numéro de téléphone, elle ne l’aurait pas accepté.
– Heu…
– De plus, j’aimerais savoir une chose: votre société a-t-elle vraiment le droit de harceler les gens par SMS en les menaçant comme vous le faites sans que nous sachions de qui ou de quoi vous parlez?
– Oui, oui, cela donne la possibilité à nos clients de nous appeler.
– Je ne suis pas votre cliente. Et je trouve ces procédés inacceptables. Dans mon monde, les personnes concernées par quelque chose d’aussi sérieux devraient recevoir, pour le moins, un courrier officiel.
La discussion a pris fin.
Quand je pense que, quelque part, je ne sais où, Monsieur X poursuit son petit bonhomme de chemin…