Les différents chagrins

Ces derniers jours, les disparitions de deux acteurs phares m’ont fait beaucoup de peine: celles de Maggie Smith, et celle de Michel Blanc.
La très british Maggie Smith nous a enchantés dans Harry Potter et Downton Abbey, Hook, Mort sur le Nil et tant d’autres films.
Quant à Michel Blanc, pilier de la troupe des Bronzé, il était devenu, comme eux tous, le compagnon de tous ceux qui l’ont suivi durant sa carrière.
Les voir partir est un chagrin.
Lorsque j’étais étudiante, j’étais déjà interpellée par cette question: comment se peut il que nous sommes tous affectés quasi sentimentalement par ces disparitions… et que notre peine est très différente lorsque nous pensons aux victimes des conflits et des catastrophes dans le monde?
J’en avais fait le sujet d’une dissertation… et mon point de vue sur la question n’a fait que se confirmer avec le temps.
J’avais conclu que la différence réside dans notre relation à ces personnes et dans la manière dont nous les percevons.
Quand un acteur, un chanteur, ou une personnalité publique décède, il s’agit souvent de quelqu’un avec qui nous avons une connexion émotionnelle. Même si nous ne les connaissons pas personnellement, nous avons partagé des moments de vie avec eux, à travers leurs films, leurs chansons, ou leurs talents.
Ils font partie de notre quotidien, et leur disparition nous touche comme si un morceau de nos souvenirs s’effaçait…
D’un autre côté, lorsqu’il s’agit de victimes de conflits ou de catastrophes dans des régions lointaines comme, en ce moment, le Liban ou Gaza, nous sommes profondément touchés par l’ampleur de la souffrance humaine, mais la relation est différente.
La distance géographique et l’absence d’une connexion personnelle directe font que nous ressentons la douleur de manière plus abstraite.
L’impact est davantage lié à la gravité de la situation et à l’empathie pour l’injustice ou la détresse.

Cette semaine, ceux, dont je fais partie, qui ont apprécié ces deux beaux acteurs associés à des moments de joie, de détente, et parfois de gravité, ressentent une perte douloureuse et nostalgique…
Et, parallèlement, les drames collectifs réveillent notre compassion et notre conscience du monde, nous interpellent douloureusement sur des questions d’injustice et de souffrance innommable…

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