Le coiffeur du France…

Au cours de l’une de leurs denrière visite, ma belle-sœur et son mari nous ont parlé d’une personnalité étonnante que nous ne connaissions pas jusqu’alors: Daniel Lecompte, coiffeur hors du commun.
Lorsqu’elle effectuait son apprentissage de coiffure, l’une de leurs filles a eu la chance de passer par le salon de ce monsieur… qui n’était pas n’importe qui.
Sa vie ressemble à un roman.
Né au Havre, il s’est formé auprès de son père, artisan coiffeur, mais son parcours a pris une dimension exceptionnelle lorsqu’il a travaillé comme coiffeur à bord du paquebot France.
Ce navire de légende, symbole du savoir-faire français, lui a permis de rencontrer une clientèle cosmopolite, exigeante et raffinée.
Dans les salons du paquebot, l’élégance faisait partie du voyage, et Daniel Lecompte a forgé un style où la technique se mêlait à la classe et à l’art de la conversation.
De retour au Havre, il a ouvert un lieu qui ne ressemblait à aucun autre, le Salon des Navigateurs.
Là, tout exprimait son goût pour la mer et pour la mémoire des métiers.
Habillé en marin, il accueillait ses clients au milieu de maquettes de navires, de photographies anciennes, de cartes maritimes, d’objets portuaires glanés au fil du temps, mais aussi des outils de coiffure hérités de son père.
Les murs racontaient l’histoire du port, les vitrines exposaient des souvenirs marins, et chaque objet avait sa place et son récit.
On y retrouvait aussi des uniformes, des instruments de navigation, des accessoires de coiffure qui avaient appartenu à plusieurs générations, créant une atmosphère à la fois intime et muséale.
Dans cet univers unique, chaque coupe devenait une expérience, chaque rendez-vous une occasion d’échanger des histoires, de transmettre une mémoire vivante et d’entretenir un lien avec la tradition du Havre.
Daniel Lecompte n’était pas seulement coiffeur, il était aussi conteur, passeur d’histoires et gardien d’une identité locale. Il s’est éteint en 2023 à l’âge de 88 ans, laissant un vide immense.
Pourtant, son héritage demeure.
Deux ans après sa disparition, son salon-musée existe toujours grâce à sa fille.
Tout a été respecté dans l’esprit de son créateur: les vitrines sont restées en place, les objets continuent de parler aux visiteurs, les souvenirs marins s’entremêlent aux outils de coiffure, et l’ambiance garde la chaleur de cet homme passionné.
Ceux qui franchissent aujourd’hui la porte du Salon des Navigateurs ressentent encore l’impression de pénétrer dans un lieu à part, à mi-chemin entre le musée de quartier et le cabinet de curiosités, où souffle toujours l’âme d’un homme qui a su unir le monde des marins et celui des artisans.

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