Chaque apparition des Gilles de Binche dans un carnaval ou dans une fête, représente un événement.
Binche reste d’ailleurs la ville de Belgique réputée pour avoir l’un des plus beaux carnavals, avec environ mille Gilles, Paysans, Arlequins et Pierrots, tous issus de la population locale.
Le Gille, disent les experts, serait un cousin de celui de la Comedia dell Arte, et tenait, dans le théâtre français, le rôle d’un clone de Pierrot, personnage naïf, un peu lunaire, joyeux.
Les Gilles existent paraît-il ailleurs qu’à Binche (La Louvière, Charleroi, Nivelles, Morlanwelz), mais les plus célèbres restent les Binchois, quoi qu’on en dise…
Impossible de les oublier si vous les avez vus au moins une fois.
Leurs costumes, fabriqués à la main, dont décorés de 400 rubans, sont greffés de clochettes de bronze et bourrés de paille.
Les masques de paraffine sont confectionnés sur mesure… et la tradition veut qu’après le carnaval, chaque Gille offre son masque à une personne qui lui est chère et qui ne pourra plus jamais être porté ensuite.
La pièce maîtresse du costume reste évidemment le couvre-chef, lourd d’environ 3 kg, qui peut atteindre 90 cm de haut.
En principe, il doit être composé au mieux de 12 et au pire de 8 plumets en plumes d’autruche.
On s’en doute: n’importe qui ne peut pas être Gille.
Pour endosser le costume et les sabots, il faut être un homme (hé oui, pas de femmes dans la profession), être né à Binche, y vivre depuis qu moins cinq ans ou être fils ou petit-fils de Binchois, n’avoir jamais été Gille ailleurs.
La candidature doit être parrainée par deux membres d’une société carnavalesque et acceptée.
Ensuite? C’est un sacerdoce…
En période de carnaval, les Gilles ne sortent en tenue d’apparat que pour Mardi Gras.
Ce jour-là, ils ne mangent que des huîtres et du saumon, et ne boivent que du champagne… que chacun offre aux autres Gilles lorsqu’ils viennent le chercher chez lui.
Lorsqu’ils dansent, les Gilles ne portent pas leurs masques, maisils offrent des oranges aux spectateurs.
Distribution de fruits frais alors que, à cette période de l’années, la nourriture se raréfie: tout un symbole.
J’ai lu récemment que les vrais Gilles de Binche ne se produisent jamais en dehors de leur cité.
La dernière fois qu’ils l’auraient fait, c’était pour l’Exposition Universelle, en 1958.
La petite histoire dit qu’ils se seraient égarés parmi les spectateurs et ont alors décidé qu’ils ne renouvelleraient pas l’expérience.
Les Gilles que l’on peut voir dans les fêtes étrangères à Binche ne seraient donc pas les authentiques Binchois.
Mais je sais que cette tradition est chevillée au coeur des Belges, y compris lorsqu’ils sont exilés!
Martine Bernier
2 réflexions sur “Les seigneurs du carnaval: Les Gilles de Binche (1)”
Bonjour,
Pour information, la deuxième photo que vous utilisez pour illustrer votre article à été prise… à Morlanwelz, à 7km de Binche…
Eh oui, heureusement, les Gilles ne se trouvent pas qu’à Binche! 😉
Bien à vous,
Tanguy
Merci beaucoup pour cette information, Tanguy! Est-ce que le fait d’utiliser la photo ne pose pas problème? Car si cela devait être le cas, je la retirerais, bien sûr…
Bien à vous,
Martine