Connaissez-vous ces immeubles de Créteil (France) baptisés « Le chou et les épis »?
Je les ai découverts voici quelques mois et j’ai été frappée par deux choses: leur originalité et… le témoignage de ceux qui y habitent, expliquant combien ils étaient attachés à leur demeure, et à quel point ils étaient fiers d’y vivre.
Ce qui doit faire infiniment plaisir à Gérard Grandval, l’architecte qui a conçu cet ensemble de dix tours ronde en 1966.
Il a confié dans une interview qu’à l’époque, tous les bâtiments se ressemblaient, mais que Créteil avait envie de quelque chose de différent.
Et c’est là qu’il avait eu l’idée de ces encorbellements.
Il ne regrettait qu’une chose: au moment de la conception des tours, il voulait que soient plantés des pieds de vigne vierge à chaque balcon.
Dans son esprit, cela aurait permis de recouvrir les tours d’une sorte de peau végétale se modifiant en fonction des saisons.
Les promoteurs ne l’avaient pas suivi, craignant un entretien trop compliqué pour cette vigne qui, de surcroît, aurait attiré les insectes.
J’avais appris que la forme des balcons en pétales, qui fait dire que chaque tour ressemble à un chou-fleur, venait du fait qu’autrefois, le site était une plaine maraîchère, principal lieu de production légumier de Paris.
La plus grande usine de choucroute de la région s’y était installée avant que l’on face du secteur une zone constructible.
Et c’est sans doute en clin d’oeil à ce passé que Gérard Grandval avait réalisé ces immeubles si particuliers.
Trente ans après leur construction, la municipalité a voulu réhabilité le quartier.
Jusque-là, le chou central était réservé à des logements sociaux occupés par des familles défavorisées.
Un trafic de stupéfiants a lieu dans le centre commercial et la réputation des choux s’en trouve ternie.
En réaction, les autorités attribuent un quart des appartements à des étudiants, et les copropriétés sont rafraîchies.
Aujourd’hui, le quartier a retrouvé son aura de prestige et, même si certains avouent que leurs appartements ne sont pas forcément faciles à meubler, ils apprécient d’y vivre, disent-ils.
Insolite…
Martine Bernier