Ce lundi matin, j’étais dans la salle d’attente de l’ophtalmo.
Comme nous habitons à une heure et demie de route du cabinet, j’étais arrivée à l’avance, bien consciente que j’allais devoir patienter un bon moment.
J’ai sorti donc de mon sac un livre qui me tentait depuis un moment : Journaux des Dames de Cour du Japon Ancien. Journal de Sarashina – Journal de Murasaki Shikibu – Journal d’Izumi Shibiku
Ce recueil rassemble des extraits des journaux intimes de trois dames de la cour impériale du Japon, à l’époque de Heian.
Des fragments de vie, des pensées, des observations rédigées il y a près d’un millénaire, mais qui résonnent encore aujourd’hui avec une justesse étonnante.
Si ces trois femmes sont célèbres pour leurs écrits, parmi ces textes, c’est celui de Murasaki Shikibu qui m’a particulièrement marquée.
Vous connaissez peut-être son nom : elle est l’autrice du Dit du Genji, souvent considéré comme le premier roman de l’histoire.
Mais ici, ce n’est pas une fiction qu’elle nous livre. Ce sont ses propres mots, son regard sur le monde qui l’entoure, son quotidien à la cour.
Et quel regard…
D’une finesse rare, à la fois lucide et légèrement ironique, parfois mélancolique, mais toujours empreint d’une intelligence vive.
Elle parle des jeux de pouvoir, de la solitude qu’elle ressent malgré le raffinement du cadre dans lequel elle évolue, des contraintes imposées aux femmes de son rang.
Il y a, dans ses écrits, une sincérité et une subtilité interpellantes.
Et surtout… sa voix traverse le temps, comme si, à travers ces pages, elle s’adressait directement à nous, avec cette délicatesse propre à son époque, mais une acuité qui touche en plein cœur.
En sa compagnie, je n’ai pas vu le temps passer.