L’un de mes amis m’a posé une question, qui est revenue souvent au cours de ces derniers jours: « Est-ce que, au moins, il t’a aidée à assumer tout ce qu’il y a à assumer pour un tel déménagement d’une maison de deux étages, d’un pays à un autre, et pour le côté très physique de la chose? »
Voyons…. je vais répondre par une histoire…
Un homme un peu inconscient, en jouant avec les manettes du Temps, contrarie un jour le fil de l’Univers, et transforme 100 hectares de prairie verdoyante en un désert de sable.
Ce qui, au passage, étouffe une bonne partie de la population. Un détail, me direz-vous. Du moment que cela ne touche pas les siens, n’est-ce pas…
Il faut réagir, rectifier l’erreur, rendre la terre à la terre et éliminer le sable.
Une équipe de gens courageux arrive à pied d’oeuvre et travaille… Ils travaillent jour et nuit, armés de machines de chantier, de pelles, de tous les outils possibles et imaginables, pour essayer de réparer ce que l’homme a brisé…
Le responsable de la catastrophe, lui, nie avoir une quelconque responsabilité dans l’affaire. Lui, coupable? Non mais ça ne va pas? Et après tout, croyez ce que vous voulez, il n’en a rien à faire.
Mais, il consent, dans son infinie bonté, à répondre aux appels à l’aide pressants qui lui sont adressés.
Enfin… il essaye.
Il a des choses tellement plus importantes à faire, comprenez-vous…
Restant aux abonnés absents la plupart du temps, prétextant des rendez-vous plus urgents, un état de santé décidément précaire, il répond une fois sur dix aux appels, et se déplace de mauvaise grâce à quatre ou cinq reprises sur le terrain en trois mois pour constater les dégâts. Son oeuvre.
Mieux encore, comme le petit peuple pleure devant l’ampleur de la catastrophe, il décide de donner un généreux coup de main.
Il sort délicatement une cuillère à thé de sa poche et consacre vingt précieuses minutes de son temps à déplacer le sable. Une fois sa tâche accomplie, il affiche l’air épuisé et vaguement fier de lui du héros qui vient de réaliser à lui seul les douze travaux d’Hercule en une fois.
E-rein-té…
Le lendemain, il ne comprend pas la colère, l’exaspération qu’il laisse derrière lui. Et le simple fait d’avoir connaissance de cette colère le met lui-même dans une rage folle.
Comment, le peuple n’est pas encore content? L’ingrat! Après tout, mince, il a bougé! Non? Et puis, il a une tâche bien plus importante à accomplir qu’à vous écouter. Laquelle? Contempler son honorable nombril. Qu’il a de fort joli, d’ailleurs.
Belle histoire, n’est-ce pas?
Quelle était la question, déjà ? Ah oui, m’a-t-il aidée…
Amusant.
M.B.